LE GOLEM (1920)

LE GOLEM

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Le Golem
Titre original : Der Golem, wie er in die Welt kam
Autres titres : The Golem - How He Came Into the World

Réalisateur : Paul Wegener, Carl Boese
Année : 1920
Pays : Allemagne
Musique : /
Genre : Fantastique
Interdiction : /

Casting
Paul Wegener (Le Golem)
Albert Steinrück (Le rabbin Löw)
Lyda Salmonova (Miriam)
Lothar Müthel (Le chevalier Florian)
Otto Gebühr (L'empereur)

Compagnie de production : Projektions-AG Union

Première diffusion : 29 octobre 1920 (Allemagne)

Durée : 85 minutes


L'HISTOIRE
Le grand rabbin Löw lit dans les étoiles un mauvais présage pour son peuple. Sa crainte est confirmée quand le chevalier Florian vient apporter une lettre de l’Empereur dans laquelle ce dernier décrète que les juifs doivent quitter leur quartier de Prague, surnommé le ghetto, sous peine de représailles. Löw cherche une solution pour protéger son peuple. Dans son laboratoire, il retrouve un vieux manuscrit permettant d'insuffler la vie à un golem, une créature d'argile que le rabbin doit façonner de ses propres mains. Ce qu'il n'hésite pas à faire. Avec son assistant, le rabbin Famulus, il invoque une divinité afin qu'elle lui fournisse le "mot" permettant de faire vivre le golem. Une fois ce mot écrit sur un morceau de papier puis inséré dans un médaillon représentant une étoile, le rabbin Löw place ce dernier sur le golem qui s'anime et devient son serviteur. Le chevalier Florian revient souvent au ghetto apporter des nouvelles de l'Empereur mais également pour voir Miriam, la fille de Löw dont il est tombé amoureux et réciproquement. L'Empereur invite Löw dans son château et lui demande de venir avec son golem. Le rabbin montre sa créature à l'Empereur et à ses invités. Puis il leur montre une vision de l'exode des juifs, ce qui provoque l'hilarité de l'assistance. C'est alors que le plafond du château menace de s'écrouler et de tuer l'Empereur et ses sujets. Le golem parvient à soutenir le plafond et sauve la vie de l'Empereur et de plusieurs personnes. En remerciement, l'Empereur abandonne son projet d'expulser les juifs. Le rabbin Löw a remporté une grande victoire et le peuple juif le traite en héros. Malheureusement, le rabbin Famulus, amoureux lui aussi de Miriam, prend le contrôle du golem et lui ordonne de tuer le chevalier Florian. Devenu incontrôlable, le golem se retourne contre son créateur, sème la terreur dans le ghetto, incendiant le quartier et provoquant un mouvement de panique. Il kidnappe Miriam puis l'abandonne...

LA FIN DU FILM :
Après avoir semé le chaos dans le ghetto, le golem rencontre une petite fille qui lui offre une pomme. Sensible à la gentillesse de la petite fille, le golem la prend dans ses bras. La fillette retire le médaillon du golem qui retourne alors à son état de statut d'argile. Le rabbin Löw ramène sa créature dans le quartier avec l'aide des habitants.

MON AVIS :
Issu d'une légende folklorique médiévale juive, le thème du golem a été popularisé par un roman de Gustav Meyrink publié en 1915. 

En cette même année 1915, le réalisateur Paul Wegener, celui-là même qui nous avait offert L'Etudiant de Prague deux ans auparavant, réalise une première adaptation de cette légende avec Le Golem (1915), moyen-métrage d'une heure dans lequel il interprète déjà la créature d'argile. Une créature fantastique qu'il semble particulièrement affectionner puisqu'il mettra en scène en 1917 une comédie intitulée Le Golem et la Danseuse, dans laquelle un acteur (toujours Paul Wegener) personnifie le monstre qui l'a rendu célèbre à l'écran et va connaître bien des déboires. Malheureusement, ces deux films sont perdus. 

Heureusement pour le fantasticophile, Paul Wegener reviendra une troisième fois sur le sujet avec Le Golem version 1920, qui s'avère être un petit bijou du cinéma muet, du cinéma allemand et du cinéma fantastique ! Rien que ça !

Par bien des aspects, Le Golem est un film fondateur qui pose de nombreuses bases pour le cinéma fantastique, bases qui seront reprises et copiées à maintes reprises par la suite. On citera pèle-mêle : la thématique de la créature qui se retourne contre son créateur ; la créature qui développe des sentiments, se met à réfléchir, à penser par elle-même alors qu'elle est censée être totalement inadaptée à ces dispositions mentales ; la créature qui désire une compagne ; la créature qui fait le mal sans réellement le vouloir ou être consciente de ses actes car ne connaissant pas la notion même de Bien et de Mal entre autre. Des thématiques universelles, qui ne manqueront pas de nous rappeler un chef-d'oeuvre de 1931 ! Oui, le Frankenstein de James Whale possède en effet toutes ses thématiques et Le Golem a certainement été une puissante source d'inspiration, autant de similitudes ne pouvant être fortuites (on a même la séquence de la petite fille et du monstre dans le film de Paul Wegener, qui donnera lieu à une séquence culte dans le film avec Boris Karloff).

S'il est considéré comme faisant partie du cinéma expressionniste allemand, Le Golem en semble toutefois un peu éloigné, même si le travail sur la lumière, les ombres et les décors n'est pas anodin (l'escalier dans le laboratoire du rabbin). Mais le film apparaît plus réaliste, avec ses nombreux décors naturels. Paul Wegener ne considère d'ailleurs pas son film comme faisant partie de ce mouvement. La mise en scène est de très bonne tenue, le rythme du film est soutenu et ne laisse guère de place à l'ennui, la photographie est quant à elle très belle, il faut dire qu'elle est due à Karl Freund, futur réalisateur de La Momie en 1932.

Les péripéties du rabbin Löw et de sa créature d'argile sont attractives et participent à l'entrain ressenti durant la vision du film. Le casting est bien en place et Paul Wegener est excellent dans le rôle du golem, même si on notera quelques ratés au niveau de sa gestuelle et de sa démarche, qui devraient être assez statiques pour une telle créature monolithique mais qui s'emballent parfois. Un simple détail qui ne vient en rien gâcher le plaisir éprouvé.

Autre aspect important du Golem, et moins enthousiasmant en regard de l'Histoire, son aspect visionnaire concernant le peuple juif. Dès le début du film, les Juifs sont pris à partie par les Chrétiens, représentés par l'Empereur qui rédige un décret les obligeant à quitter leur quartier et à ne plus avoir accès à la ville de Prague. Nous sommes en 1920 et la montée de l'antisémitisme en Allemagne commence à prendre de plus en plus d'importance, jusqu'à la tragédie qu'on connaît. Difficile de ne pas y penser lorsqu'on visionne Le Golem.  

Baigné par des images qui confinent souvent au sublime, magnifiées par la version restaurée qui fait retrouver au film ses variations de teintes (vertes, bleus, rouges, orangées), bénéficiant d'effets visuels surprenants et de nombreuses séquences anthologiques, Le Golem est une oeuvre on ne peut plus importante et capitale dans l'évolution du cinéma fantastique, mêlant mysticisme, ésotérisme et conte humaniste. A ne pas rater ! 

Pour l'anecdote, le mythe du golem s'est vu adapté, entre autre, dans un épisode "halloween" des Simpson et dans l'épisode "La prière des Morts" de la saison 4 d'X-Files. Julien Duvivier en livrera une adaptation en 1936. 

LA SCÈNE MARQUANTE :
Pour connaître le "mot" magique qui lui permettra de faire vivre le golem, le rabbin Löw se livre à une séance d'occultisme et invoque la divinité Astaroth qui lui révélera ce fameux "mot de vie". Une scène grandiose, forte en émotion et particulièrement terrifiante, dans laquelle le visage d'Astaroth est réellement impressionnant. Sublime.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 5/6
- VIOLENCE : 1/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 5/6


QUELQUES PHOTOS

 


 


LE FILM

Le DVD est disponible ICI ou ICI

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