LE FANTÔME DE L’OPÉRA (1925)

LE FANTÔME DE L’OPÉRA

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Le Fantôme de l'Opéra
Titre original : The Phantom of the Opera
Autres titres : /

Réalisateur : Rupert Julian, Edward Sedgwick
Année : 1925
Pays : Etats-Unis
Musique : /
Genre : Drame, épouvante
Interdiction : /

Casting
Lon Chaney (Erik le fantôme)
Mary Philbin (Christine Daaé)
Norman Kerry (Vicomte Raoul de Chagny)
Arthur Edmund Carewe (Inspecteur Ledoux)
Gibson Gowland (Simon Buquet)
 Mary Fabian (Carlotta)
Virginia Pearson (La mère de Carlotta)

Compagnie de production : Universal Pictures

Première diffusion : 26 avril 1925 (San Francisco)

Durée : 93 minutes / 101 minutes (original) / 95 minutes (ressortie en 1929)


L'HISTOIRE
Deux nouvelles personnes sont nommées à la direction de l'Opéra de Paris. Ce lieu réputé vit sous la terreur d'un mystérieux personnage, que le personnel de l'Opéra surnomme Le Fantôme. Ce dernier a déjà causé plusieurs incidents et s'attribue la loge N°5, que personne n'ose louer. Les nouveaux directeurs reçoivent la visite de la mère de Carlotta, dont la fille est la prima donna de Faust, la nouvelle représentation qui fait fureur dans tout Paris. Cette dernière leur montre une lettre dans laquelle le Fantôme somme Carlotta de se faire porter malade afin de laisser sa place à une jeune chanteuse du nom de Christine Daaé. Celle-ci se produit donc sur la scène de l'Opéra et remporte un franc succès. La jeune femme, amoureuse du Vicomte Raoul de Chagny, entend des voix à travers les murs d'une personne déclarant vouloir la prendre sous son aile et lui faire connaître la gloire. Christine accepte la proposition de rencontrer l'inconnu sans se douter qu'il s'agit du Fantôme. Ce dernier invite la chanteuse dans son repaire, situé sous l'Opéra, dans les catacombes. Portant un masque voilant son visage, le Fantôme déclare sa flamme à Christine, qui reste apeurée devant son hôte. Le Fantôme parvient à la détendre en lui jouant une partition au piano qu'il a composé pour la jeune femme. Christine ne peut se résoudre à ne pas découvrir le visage qui sa cache sous le masque du Fantôme et parvient à lui ôter, dévoilant un horrible faciès mutilé. Elle provoque la colère du Fantôme qui désire épouser la jeune cantatrice. Christine parvient à s'échapper et, malgré les menaces du Fantôme, elle retrouve son fiancé Raoul lors du bal de l'Opéra. Le Fantôme y fait une apparition remarquée, déguisé en Mort Rouge. Sans savoir qu'ils sont espionnés par le Fantôme, Christine et Raoul se déclarent à nouveau leur amour. La vengeance du Fantôme va être terrible...

LA FIN DU FILM :  
Traqué par la foule en colère, Erik, le Fantôme de l'Opéra, se réfugie au bord de la Seine. Mais les parisiens parviennent à le rattraper. Après avoir été roué de coup, Erik sombre dans les eaux de la Seine.

MON AVIS
C'est en 1910 qu'est publié le roman de Gaston Leroux : Le Fantôme de l'Opéra. Le roman paraît déjà sous forme de feuilleton dans le journal Le Gaulois avant de sortir sous forme de livre. Le célèbre romancier, papa du détective Rouletabille entre autres, s'est apparemment inspiré de rumeurs sur de prétendus mystères s'étant déroulés dans les souterrains de l'Opéra Garnier de Paris au 19ème siècle.

Après l'énorme succès du film Notre-Dame de Paris, réalisé en 1923 par Wallace Worsley et basé sur le célèbre roman de Victor Hugo, le studio Universal décide de se livrer à une nouvelle adaptation de roman. C'est donc celui de Gaston Leroux qui est choisi. Pour reproduire le succès de Notre-Dame de Paris, le patron du studio, Carl Laemmle, accorde au film un budget plus que conséquent et ne se refuse rien. Il fait carrément reconstruire dans le célèbre studio 28 (le premier construit en ciment) le fameux Opéra Garnier, avec sa salle de bal, sa salle de spectacle et ses souterrains ! Un décor colossal, auquel s'ajoute le recrutement de 200 danseuses de ballet qui viennent rejoindre les membres du casting.

Malgré son contrat à la MGM, Carl Laemmle parvient à obtenir à nouveau l'acteur phare de Notre-Dame de Paris : Lon Chaney. Ce prestigieux acteur du muet, passé maître dans l'art du maquillage, va donc interpréter Erik, le fameux Fantôme terrorisant le personnel de l'Opéra et voulant promouvoir la jeune cantatrice Christine. Afin de laisser aux spectateurs le suspense de découvrir le nouveau maquillage que Chaney a composé pour ce rôle, il est absolument interdit de publier des photos de l'acteur grimé en Fantôme. La réaction du public, lorsque Christine retire le masque d'Erik, dépasse l'attente des producteurs ! D'après de vrais témoignages d'époque, des spectatrices se sont évanouies et ont du être évacuées du cinéma en ambulance, n'ayant pas supporté la vision du terrifiant maquillage de Chaney. Un maquillage devenu encore plus célèbre que le film lui-même, et qu'on retrouve sur bon nombre de couvertures de livres consacrés au cinéma fantastique.

Il faut dire que Lon Chaney a encore fait fort et que son personnage correspond tout à fait à la description de Gaston Leroux dans son roman : "Il est d’une prodigieuse maigreur et son habit noir flotte sur une charpente squelettique. Ses yeux sont si profonds qu’on ne distingue pas bien les prunelles immobiles. On ne voit, en somme, que deux grands trous noirs comme au crâne des morts". Le maquillage de Lon Chaney bénéficie en plus des talents du cameraman du film, avec qui l'acteur s'entendait très bien, et qui l'a donc filmé avec des éclairages plus ou moins sombres, ce qui renforce parfaitement son aspect macabre.

Si Lon Chaney est évidemment l'attraction principale de cette première adaptation du roman de Gaston Leroux, le film de Rupert Julian possède d'autres qualités. On a déjà parlé des décors, absolument faramineux, avec passage secret, pièces cachées, souterrains, lac aux eaux noires, salle de spectacle possédant un chandelier gigantesque et j'en passe. La mise en scène du réalisateur est également à mettre en avant, ainsi que l'aspect "épouvante" du film. En effet, il faut attendre un peu avant de découvrir le visage du Fantôme sans son masque. Tout le début du film joue savamment sur les ombres, le contre-jour, les perspectives, presque à la manière du cinéma expressionniste allemand. Rupert Julian peaufine l'ambiance et tente d'effrayer le public, tant est si bien que Carl Laemmle trouve que le film est trop terrifiant et manque de scènes d'humour. Il en fera tourner qu'il ajoutera au montage puis cédera et les retirera pour la sortie en salle. 

Les amateurs du roman originel apprécieront certainement cette version de 1925 puisqu'on y retrouve tout ce qui en faisait le charme ainsi que les péripéties majeures : les lettres de menace adressées aux directeurs et à Carlotta, la chute du chandelier, la loge N°5, le personnel apeuré, le traversée du miroir pour accéder au repaire du fantôme, le passage sur le lac, le Fantôme jouant au piano, la romance entre Christine et Raoul et, bien sûr, la fameuse scène du bal. Cette dernière a bénéficié de la technologie du Bichrome, c'est à dire qu'elle a été filmé en couleur ! Si tout le reste du film est en noir et blanc, cette longue séquence s'anime donc de couleur vive et laisse flamboyer le déguisement de la Mort Rouge que porte le Fantôme ! C'est vraiment magnifique.

Si on voulait citer quelques menus défauts ou faiblesses du film, je dirais que l'actrice interprétant Christine Daaé, Mary Philbin, fait preuve de peu de prestance et paraît assez fade. Le rythme du film manque parfois de tonus et l'interprétation théâtrale du casting pourra prêter à sourire. N'oublions pas que nous sommes en 1925 et que Le Fantôme de l'Opéra est un film muet, les acteurs devant donc avoir une gestuelle plus prononcée pour compenser le manque de parole. 

Hormis cela, le jeu de Lon Chaney est épatant, il parvient à retranscrire tout le désarroi, toute la détresse de son personnage et à en faire un "méchant" qu'on prend en affection.

Pour l'anecdote, Lon Chaney ne s'entendit pas du tout avec Rupert Julian, ce dernier ayant un ego surdimensionné. Le tournage fût donc assez compliqué puisque les deux hommes se parlaient à travers des lettres, que faisaient circuler le cameraman entre eux ! Rupert Julien fût d'ailleurs remercié avant la fin du tournage par le studio, tournage qui fût achevé par Edward Sedgwick.

Le Fantôme de l'Opéra a connu un formidable succès et le roman de Gaston Leroux s'est vu adapté à plusieurs reprises, que ce soit au théâtre, en opéra rock, à la télévision et même en chanson. Au cinéma, on citera la version de 1943 (Arthur Lubin), de 1962 (Terence Fisher), de 1989 (Dwight H. Little), de 1998 (Dario Argento) ou celle de 2004 (Joel Schumacher). Des variations existent également, comme le film La Vengeance d'Eric de Richard Friedman par exemple.

LA SCÈNE MARQUANTE :
Dans le repaire du Fantôme, Christine ne peut lutter face à son désir de retirer le masque de son mystérieux hôte. La découverte de son visage sera un choc, autant pour elle que pour les spectateurs.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 5/6


QUELQUES PHOTOS

 

 


LE FILM

Disponible en DVD chez BACH FILMS ou ARTE VIDEO

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