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LE FANTÔME DE L’OPÉRA (1925)

LE FANTÔME DE L’OPÉRA

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Le Fantôme de l'Opéra
Titre original : The Phantom of the Opera
Autres titres : /

Réalisateur : Rupert Julian, Edward Sedgwick
Année : 1925
Pays : Etats-Unis
Musique : /
Genre : Drame, épouvante
Interdiction : /

Casting
Lon Chaney (Erik le fantôme)
Mary Philbin (Christine Daaé)
Norman Kerry (Vicomte Raoul de Chagny)
Arthur Edmund Carewe (Inspecteur Ledoux)
Gibson Gowland (Simon Buquet)
 Mary Fabian (Carlotta)
Virginia Pearson (La mère de Carlotta)

Compagnie de production : Universal Pictures

Première diffusion : 26 avril 1925 (San Francisco)

Durée : 93 minutes / 101 minutes (original) / 95 minutes (ressortie en 1929)


L'HISTOIRE
Deux nouvelles personnes sont nommées à la direction de l'Opéra de Paris. Ce lieu réputé vit sous la terreur d'un mystérieux personnage, que le personnel de l'Opéra surnomme Le Fantôme. Ce dernier a déjà causé plusieurs incidents et s'attribue la loge N°5, que personne n'ose louer. Les nouveaux directeurs reçoivent la visite de la mère de Carlotta, dont la fille est la prima donna de Faust, la nouvelle représentation qui fait fureur dans tout Paris. Cette dernière leur montre une lettre dans laquelle le Fantôme somme Carlotta de se faire porter malade afin de laisser sa place à une jeune chanteuse du nom de Christine Daaé. Celle-ci se produit donc sur la scène de l'Opéra et remporte un franc succès. La jeune femme, amoureuse du Vicomte Raoul de Chagny, entend des voix à travers les murs d'une personne déclarant vouloir la prendre sous son aile et lui faire connaître la gloire. Christine accepte la proposition de rencontrer l'inconnu sans se douter qu'il s'agit du Fantôme. Ce dernier invite la chanteuse dans son repaire, situé sous l'Opéra, dans les catacombes. Portant un masque voilant son visage, le Fantôme déclare sa flamme à Christine, qui reste apeurée devant son hôte. Le Fantôme parvient à la détendre en lui jouant une partition au piano qu'il a composé pour la jeune femme. Christine ne peut se résoudre à ne pas découvrir le visage qui sa cache sous le masque du Fantôme et parvient à lui ôter, dévoilant un horrible faciès mutilé. Elle provoque la colère du Fantôme qui désire épouser la jeune cantatrice. Christine parvient à s'échapper et, malgré les menaces du Fantôme, elle retrouve son fiancé Raoul lors du bal de l'Opéra. Le Fantôme y fait une apparition remarquée, déguisé en Mort Rouge. Sans savoir qu'ils sont espionnés par le Fantôme, Christine et Raoul se déclarent à nouveau leur amour. La vengeance du Fantôme va être terrible...

LA FIN DU FILM :  
Traqué par la foule en colère, Erik, le Fantôme de l'Opéra, se réfugie au bord de la Seine. Mais les parisiens parviennent à le rattraper. Après avoir été roué de coup, Erik sombre dans les eaux de la Seine.

MON AVIS
C'est en 1910 qu'est publié le roman de Gaston Leroux : Le Fantôme de l'Opéra. Le roman paraît déjà sous forme de feuilleton dans le journal Le Gaulois avant de sortir sous forme de livre. Le célèbre romancier, papa du détective Rouletabille entre autres, s'est apparemment inspiré de rumeurs sur de prétendus mystères s'étant déroulés dans les souterrains de l'Opéra Garnier de Paris au 19ème siècle.

Après l'énorme succès du film Notre-Dame de Paris, réalisé en 1923 par Wallace Worsley et basé sur le célèbre roman de Victor Hugo, le studio Universal décide de se livrer à une nouvelle adaptation de roman. C'est donc celui de Gaston Leroux qui est choisi. Pour reproduire le succès de Notre-Dame de Paris, le patron du studio, Carl Laemmle, accorde au film un budget plus que conséquent et ne se refuse rien. Il fait carrément reconstruire dans le célèbre studio 28 (le premier construit en ciment) le fameux Opéra Garnier, avec sa salle de bal, sa salle de spectacle et ses souterrains ! Un décor colossal, auquel s'ajoute le recrutement de 200 danseuses de ballet qui viennent rejoindre les membres du casting.

Malgré son contrat à la MGM, Carl Laemmle parvient à obtenir à nouveau l'acteur phare de Notre-Dame de Paris : Lon Chaney. Ce prestigieux acteur du muet, passé maître dans l'art du maquillage, va donc interpréter Erik, le fameux Fantôme terrorisant le personnel de l'Opéra et voulant promouvoir la jeune cantatrice Christine. Afin de laisser aux spectateurs le suspense de découvrir le nouveau maquillage que Chaney a composé pour ce rôle, il est absolument interdit de publier des photos de l'acteur grimé en Fantôme. La réaction du public, lorsque Christine retire le masque d'Erik, dépasse l'attente des producteurs ! D'après de vrais témoignages d'époque, des spectatrices se sont évanouies et ont du être évacuées du cinéma en ambulance, n'ayant pas supporté la vision du terrifiant maquillage de Chaney. Un maquillage devenu encore plus célèbre que le film lui-même, et qu'on retrouve sur bon nombre de couvertures de livres consacrés au cinéma fantastique.

Il faut dire que Lon Chaney a encore fait fort et que son personnage correspond tout à fait à la description de Gaston Leroux dans son roman : "Il est d’une prodigieuse maigreur et son habit noir flotte sur une charpente squelettique. Ses yeux sont si profonds qu’on ne distingue pas bien les prunelles immobiles. On ne voit, en somme, que deux grands trous noirs comme au crâne des morts". Le maquillage de Lon Chaney bénéficie en plus des talents du cameraman du film, avec qui l'acteur s'entendait très bien, et qui l'a donc filmé avec des éclairages plus ou moins sombres, ce qui renforce parfaitement son aspect macabre.

Si Lon Chaney est évidemment l'attraction principale de cette première adaptation du roman de Gaston Leroux, le film de Rupert Julian possède d'autres qualités. On a déjà parlé des décors, absolument faramineux, avec passage secret, pièces cachées, souterrains, lac aux eaux noires, salle de spectacle possédant un chandelier gigantesque et j'en passe. La mise en scène du réalisateur est également à mettre en avant, ainsi que l'aspect "épouvante" du film. En effet, il faut attendre un peu avant de découvrir le visage du Fantôme sans son masque. Tout le début du film joue savamment sur les ombres, le contre-jour, les perspectives, presque à la manière du cinéma expressionniste allemand. Rupert Julian peaufine l'ambiance et tente d'effrayer le public, tant est si bien que Carl Laemmle trouve que le film est trop terrifiant et manque de scènes d'humour. Il en fera tourner qu'il ajoutera au montage puis cédera et les retirera pour la sortie en salle. 

Les amateurs du roman originel apprécieront certainement cette version de 1925 puisqu'on y retrouve tout ce qui en faisait le charme ainsi que les péripéties majeures : les lettres de menace adressées aux directeurs et à Carlotta, la chute du chandelier, la loge N°5, le personnel apeuré, le traversée du miroir pour accéder au repaire du fantôme, le passage sur le lac, le Fantôme jouant au piano, la romance entre Christine et Raoul et, bien sûr, la fameuse scène du bal. Cette dernière a bénéficié de la technologie du Bichrome, c'est à dire qu'elle a été filmé en couleur ! Si tout le reste du film est en noir et blanc, cette longue séquence s'anime donc de couleur vive et laisse flamboyer le déguisement de la Mort Rouge que porte le Fantôme ! C'est vraiment magnifique.

Si on voulait citer quelques menus défauts ou faiblesses du film, je dirais que l'actrice interprétant Christine Daaé, Mary Philbin, fait preuve de peu de prestance et paraît assez fade. Le rythme du film manque parfois de tonus et l'interprétation théâtrale du casting pourra prêter à sourire. N'oublions pas que nous sommes en 1925 et que Le Fantôme de l'Opéra est un film muet, les acteurs devant donc avoir une gestuelle plus prononcée pour compenser le manque de parole. 

Hormis cela, le jeu de Lon Chaney est épatant, il parvient à retranscrire tout le désarroi, toute la détresse de son personnage et à en faire un "méchant" qu'on prend en affection.

Pour l'anecdote, Lon Chaney ne s'entendit pas du tout avec Rupert Julian, ce dernier ayant un ego surdimensionné. Le tournage fût donc assez compliqué puisque les deux hommes se parlaient à travers des lettres, que faisaient circuler le cameraman entre eux ! Rupert Julien fût d'ailleurs remercié avant la fin du tournage par le studio, tournage qui fût achevé par Edward Sedgwick.

Le Fantôme de l'Opéra a connu un formidable succès et le roman de Gaston Leroux s'est vu adapté à plusieurs reprises, que ce soit au théâtre, en opéra rock, à la télévision et même en chanson. Au cinéma, on citera la version de 1943 (Arthur Lubin), de 1962 (Terence Fisher), de 1989 (Dwight H. Little), de 1998 (Dario Argento) ou celle de 2004 (Joel Schumacher). Des variations existent également, comme le film La Vengeance d'Eric de Richard Friedman par exemple.

LA SCÈNE MARQUANTE :
Dans le repaire du Fantôme, Christine ne peut lutter face à son désir de retirer le masque de son mystérieux hôte. La découverte de son visage sera un choc, autant pour elle que pour les spectateurs.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 5/6


QUELQUES PHOTOS

 

 


LE FILM

Disponible en DVD chez BACH FILMS ou ARTE VIDEO

NOTRE DAME DE PARIS

NOTRE DAME DE PARIS

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Notre Dame de Paris
Titre original : The Hunchback of Notre Dame 
Autres titres : Le Bossu de Notre-Dame / Quasimodo

Réalisateur : Wallace Worsley
Année : 1923
Pays : Etats-Unis
Musique : /
Genre : Drame, épouvante
Interdiction : /

Casting
Lon Chaney (Quasimodo)
Patsy Ruth Miller (Esmeralda)
Norman Kerry (Phoebus de Chateaupers)
Nigel De Brulier (Don Claudio)
Ernest Torrence (Clopin )
Raymond Hatton (Gringoire)

Compagnie de production : Universal Pictures

Première diffusion : 2 septembre 1923 (Etats-Unis)

Durée : 117 minutes


L'HISTOIRE
Paris, au XVème siècle. Au abord de la cathédrale de Notre Dame, la fête des fous bat son plein. C'est le seul jour où le peuple, opprimé par la tyrannie du Roi Louis XI, peut se laisser aller et vivre pleinement sans crainte de représailles. Perché au sommet de la cathédrale, Quasimodo, le sonneur de cloches bossu, quasiment sourd et à moitié aveugle, regarde la foule s'amuser, boire, se chamailler, tout en se moquant d'eux. Souffre-douleur des habitants du fait de sa difformité, Quasimodo ne porte pas les gens dans son cœur et seul le son des cloches lui apporte un peu de bonheur. Assis sur les marches de la cathédrale, Clopin, le roi des brigands, rêve secrètement de renverser le roi tyrannique. Esmeralda, sa fille adoptive, se présente à la fête et se fait acclamer par le public. Seule Marie, reine des gitans qui a perdu sa fille lorsqu'elle n'était qu'une enfant, ne supporte pas de voir Esmeralda. La fête des fous se clôture par l'élection du "Roi des fous" et la foule nomine Quasimodo. Portant une couronne, le bossu de Notre Dame est la risée de la foule. Pour divertir le public, Esmeralda se met à danser, déchaînant l'hystérie de la foule. Ne supportant plus le bruit, le roi Louis XI nomme Phoebus de Chateaupers capitaine de la garde et le somme de mettre fin à la fête des fous. Phoebus a une fiancée, Fleur de Lys. Mais quand il voit Esmeralda danser, son cœur chavire. Malheureusement, la belle gitane est également convoité par Jehan, le frère de l'archidiacre. Jehan demande à Quasimodo de kidnapper Esmeralda. La pauvre bossu s'exécute mais tombe sur Phoebus et ses hommes. Jehan se sauve et laisse Quasimodo aux mains de l'armée du roi. Le bossu de Notre Dame se voit châtié en place publique et reçoit de nombreux coups de fouet sous les applaudissements de la foule. Seule Esmeralda prend la pauvre créature en pitié. Phoebus parvient à charmer Esmeralda, provoquant la colère de Jehan. Il parvient à poignarder Phoebus lors d'un rendez-vous amoureux avec sa belle. Esmeralda est accusée de tentative d'assassinat et livrée à l'inquisition. Sous la torture, elle se déclare coupable. Jehan lui propose un marché mais elle refuse. Elle est condamnée à être pendu sur le parvis de la cathédrale. Quasimodo parvient à la délivrer et il l'entraîne à l'intérieur de Notre Dame. Les soldats du roi ne peuvent pénétrer dans l'enceinte sacrée sous peine de violation du droit d'asile. Clopin et son armée de gueux en profite pour déclencher une émeute. Ses partisans tentent de forcer l'entrée de la cathédrale. Monté tout en haut de Notre Dame, Quasimodo leur jette des pierres. Il aperçoit Jehan qui est parvenu à monter en haut de la cathédrale et qui tente de violenter Esmeralda. Un combat s'engage entre Jehan et le bossu. Quasimodo projette Jehan dans le vide mais ce dernier a le temps de le poignarder mortellement. Phoebus, remis de sa blessure, se rue à Notre Dame et rejoint Esmeralda. 

LA FIN DU FILM :
Phoebus raccompagne Esmeralda et lui déclare sa flamme. Les deux amoureux vont pouvoir vivre leur passion. Dans un dernier souffle, Quasimodo parvient à faire sonner une dernière fois les cloches de Notre Dame. Son corps est découvert par l'archidiacre qui lui rend hommage dans une dernière prière.

MON AVIS :
Bon, avant toute chose, mettons d'entrée de jeu les points sur les "i" : JE SAIS que Notre Dame de Paris, adaptation cinématographique du célèbre roman de Victor Hugo, n'a absolument rien de "fantastique" : pas de phénomènes inexpliqués, pas de fantômes, de vampires, de loups-garous ni même un semblant de suspense ou d'ambiance ténébreuse qui pourrait vous faire frémir, dresser les poils des bras ou les cheveux sur la tête. C'est un drame avant tout, teinté de romance, point à la ligne. 

Pourquoi donc le faire figurer sur ce blog alors vous demandez-vous et vous avez raison. C'est une bonne question. 

Quelles réponses puis-je apporter ? Simple en fait. 

Déjà, il suffit de lire le nom de la firme qui a produit le film : Universal Pictures. Le studio qui va devenir mondialement célèbre dès le début des années 30 avec la série de films qu'on a surnommé les "Universal Monsters" et qui ont donné leur lettre de noblesse au cinéma fantastique, faisant naître un véritable âge d'or pour le genre. 

Produit avec un budget faramineux d'environ 1,25 million de dollars environ, ce qui en fit le film le plus cher de son époque, Notre Dame de Paris est une oeuvre d'envergure voulue par la Universal, mais désirée avant tout par l'acteur Lon Chaney lui-même, qui avait acquis les droits du roman de Victor Hugo.

L'imposant budget servi entre autre pour construire le décor gigantesque de Notre Dame. Le sculpteur Finn Frowlich réalisa tous les bas-relief, mais aussi les différentes statues et les gargouilles. Un travail colossal, merveilleusement mis en avant dans le film, comme lorsque Quasimodo virevolte de gargouilles en gargouilles, escalade ou descend les corniches et la façade de la cathédrale. Plus de deux mille figurants furent engagés, 3000 costumes confectionnés, 700 lumières utilisées sous la direction de plus de 200 électriciens. Monumental. Heureusement pour la firme, Notre Dame de Paris fut un énorme succès et remporta plus de 3 millions de dollars, remboursant largement le budget alloué.

Ensuite, passées ces caractéristiques techniques, Notre Dame de Paris joue admirablement bien avec la thématique qui va hisser la Universal au sommet de la production "fantastique et épouvante" dans les années 30 : celle du Monstre. 

Car Quasimodo, le bossu sonneur de cloches de Notre Dame, en est un. Du moins physiquement. Cheveux en bataille, visage déformé, joues proéminentes, dents déchaussées, œil fermé, torse poilu et une bosse dans le dos, on ne peut pas dire que son aspect physique fait de lui un éphèbe en puissance. On saluera le travail admirable de Lon Chaney, qui, avec cette composition, devient une star. L'acteur a en effet conçu lui-même son maquillage, comme il le fera dans tous ses films, lui valant le surnom de "l'homme aux mille visages". Spectaculaire, l'apparence et la gestuelle de Quasimodo l'est assurément. 

Malgré son horrible faciès, la prestation éblouissante de Lon Chaney nous fait prendre ce "monstre" en empathie. Et comme dans bon nombre de films à venir, notamment le Freaks de Tod Browning bien sûr, les vrais monstres ne sont pas ceux que l'on croit. Car Quasimodo n'est qu'une pauvre créature souffrant d'un handicap mais qui possède un cœur, des émotions. Peut-on en dire autant de cette foule hurlante, moqueuse, acclamant le bourreau qui assène des coups de fouet au bossu ? Peut-on en dire autant de Jehan, qui laisse capturer Quasimodo par Phoebus et ses gardes lors de l'enlèvement d'Esmeralda alors que c'est lui qui lui a donné l'ordre d'agir ainsi et qui se garde bien d'assumer ces actes ? Seule Esmeralda offrira un peu de compassion au bossu, dans cette scène admirable dans laquelle elle se rue lui porter à boire après qu'il est reçu son châtiment.

Si on pourra regretter que Notre Dame de Paris ne soit pas une adaptation très fidèle envers l'oeuvre de Victor Hugo, si on pourra trouver que la mise en scène de Wallace Worsley soit un peu statique et manque d'ampleur, hormis dans les séquences avec Quasimodo, si on aurait aimé que les intrigues amoureuses entre les personnages soient un peu moins mises en avant et laisse plus de place à l'action, il reste que Notre Dame de Paris est un bien joli film et qu'il est le précurseur de tout le courant cinématographique de genre fantastique et épouvante américain.

Suite à ce succès colossal, la Universal adaptera une autre oeuvre littéraire en 1925, à nouveau avec Lon Chaney, et qui sera également un film important pour toute la vague de films à venir du studio : Le Fantôme de l'Opéra.

LA SCÈNE MARQUANTE :
Les cris de douleur de Quasimodo, fouetté en place publique devant une foule hilare. 

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 4/6


QUELQUES PHOTOS

 

 

 

LE FILM

Disponible en DVD chez ARTE VIDEO

NOSFERATU LE VAMPIRE

NOSFERATU LE VAMPIRE

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Nosferatu le vampire
Titre original : Nosferatu, eine Symphonie des Grauens
Autres titres : Nosferatu / Nosferatu, a Symphony of Horror

Réalisateur : F.W. Murnau
Année : 1922
Pays : Allemagne
Musique : /
Genre : Épouvante
Interdiction : /

Casting
Max Schreck (Le comte Orlok)
Gustav von Wangenheim (Hutter)
Greta Schröder (Ellen)
Alexander Granach (Knock)
Max Nemetz (Le capitaine)
Gustav Botz (Le professeur Sievers)

Compagnie de production : Jofa-Atelier Berlin-Johannisthal / Prana-Film GmbH

Première diffusion : 17 février 1922 (Pays-Bas)

Durée : 92 minutes


L'HISTOIRE
Hutter, jeune clerc de notaire venant de se marier avec Ellen, reçoit pour mission de la part de son supérieur Knock de se rendre en Transylvanie, au château du comte Orlok, ce dernier désirant acheter une maison dans la ville de Wisborg. Malgré la tristesse de son épouse, Hutter entame son long voyage. Il passe la nuit dans une auberge et remarque que le simple nom d'Orlok sème la terreur chez les habitants. Le lendemain, il est pris en chemin par un cocher qui le dépose au château du comte. Celui-ci vient l'accueillir et Hutter commence son travail de notaire en lui présentant les nombreux documents à étudier. Durant la phase de signature, Orlok remarque une petite photo d'Ellen. Hypnotisé par la beauté de la jeune femme, il décide d'acheter la demeure située près de la maison du couple. En épluchant une pomme, Hutter se blesse au doigt; La vue des gouttes de sang affole le comte qui se précipite pour s'en régaler, provoquant l'incrédulité d'Hutter. Le clerc de notaire découvre la véritable nature de son hôte mais se retrouve impuissant face à la force du vampire. Prisonnier dans sa chambre, Hutter aperçoit par sa fenêtre le comte charger plusieurs cercueils sur une charrette et quitter le château. Comprenant les intentions du vampire, Hutter parvient à s'échapper. Il est recueilli dans un hôpital après avoir fait un voyage périlleux. Pendant ce temps, les cercueils sont chargés dans la cale d'un navire qui quitte le port en direction de Wisborg. Peu de temps après, la peste se déclare sur le bateau, contaminant les membres de l'équipage. Le comte Orlok décime le reste de l'équipage et guide le navire vers Wisborg. En arrivant en ville, il dépose ses cercueils dans sa nouvelle demeure et propage la peste des les rues. Le notaire Knock, sous l'emprise du vampire, est placé dans un institut psychiatrique. Hutter parvient à rejoindre sa maison et décide de rester aux côtés d'Ellen pour la protéger. Mais le pouvoir du vampire est puissant et il oblige la jeune femme à lui ouvrir une fenêtre de sa chambre, lui permettant alors de rentrer à sa guise. Pensant sa femme malade, Hutter quitte la chambre pour aller chercher un docteur. Le comte Orlok en profite pour venir rendre visite à Ellen...

LA FIN DU FILM :
Alors qu'il est en train de sucer le sang d'Ellen, le comte Orlok entend un coq chanter. Il n'a pas vu le temps passer et les premiers rayons du soleil apparaissent. Impuissant face à l'astre solaire qui se déploie dans le ciel, le comte Orlok meurt et disparaît dans un nuage de fumée. Le Mal est vaincu.

MON AVIS :
En 1897, le romancier Bram Stoker publie un roman intitulé "Dracula". Je ne vous ferais pas l'affront de vous apprendre que le succès de cette histoire mettant en vedette un vampire a popularisé ce thème majeur du cinéma fantastique à tel point qu'on ne compte plus les œuvres traitant du vampirisme, que ce soit au cinéma, en littérature, en bande-dessinée ou en jeu vidéo d'ailleurs. Pour le seul personnage de Dracula lui-même, on dénombre plus de 200 films par exemple.

Il semblerait qu'une première adaptation du classique de Stoker date de 1921 : Drakula Halála, film hongrois dû au réalisateur Károly Lajthay, malheureusement perdu à jamais.

Pour éviter de payer les droits d'auteur aux ayants-droits de la famille de Bram Stoker, le producteur de la jeune société Prana-Film, désirant ardemment mettre en oeuvre une adaptation du roman, demande au scénariste  Henrik Galeen de rédiger un synopsis inspiré du livre de Stoker mais en modifiant le nom des personnages et le lieu de l'action. Londres devient Wisborg, Dracula devient le comte Orlok, Jonathan Harker devient Hutter, Mina Murray devient Ellen et le notaire Renfield devient Knock. Pour réaliser le film, Prana-Film choisit le réalisateur Friedrich Wilhelm Murnau. Ce dernier a déjà versé dans le cinéma fantastique et d'épouvante en 1920 avec Le Crime du docteur Warren, adaptation du roman de Robert Louis Stevenson, "Dr. Jekyll et Mr. Hyde".

A l'arrivée, on obtient donc Nosferatu le Vampire, dont le tournage débuta en juillet 1921. La majorité des scènes furent tournées dans les villes de Wismar (dont Wisborg est l'ancien nom), de Lübeck mais aussi dans les Carpates et notamment dans le château d'Orava. Disons-le de suite, Nosferatu le Vampire est un chef-d'oeuvre du cinéma fantastique et un des films les plus importants du cinéma muet. C'est une oeuvre fascinante, hypnotique, d'une grande beauté plastique et qui nous présente l'un des vampires les plus terrifiants vu à l'écran.

C'est Max Schreck qui a l'opportunité d'interpréter le comte Orlok. La production utilise le fait que cet acteur est inconnu du public pour monter un coup publicitaire éclatant : il s'agirait d'un véritable vampire ! Cette légende urbaine est admirablement reprise dans le film L'Ombre du Vampire, qui relate le tournage de Nosferatu. Même si Max Schreck n'est évidemment pas un vampire, son visage, sa gestuelle, associés à son maquillage, lui donnent un look angoissant et bien éloigné du charisme raffiné des futurs interprètes du personnage, Bela Lugosi et Christopher Lee en tête. Ici, on est réellement en présence d'une créature qui fait peur, avec ce crâne chauve, ses mains griffues et ses deux dents proéminentes. Une créature cauchemardesque, dont l'aura a continué de resplendir à travers les siècles et à qui certains réalisateurs ont rendu hommage, on pense à Tobe Hooper qui a reprit le look du comte Orlok pour son vampire des Vampires de Salem ou à Tim Burton qui a appelé le personnage joué par Christopher Walken "Max Shreck" dans Batman le Défi entre autre.

Véritable film d'épouvante, Nosferatu le Vampire est construit en cinq actes et fait preuve d'une belle progression dans la montée de l'effroi. Un effroi tout relatif de nos jours bien sûr, mais qui a sacrément dû impressionner les spectateurs de l'époque. Certaines séquences sont admirables (tout le film ne l'est-il pas d'ailleurs ?) et bénéficie de la puissance de la mise en scène de Murnau qui fait ici des merveilles. La séquence sur le navire est une merveille d’efficacité, l'utilisation des ombres lorsque le comte Orlok se rend chez Ellen est admirable et tout concourt à faire du film ce qu'il est : un joyau.

Bien sûr, Nosferatu le Vampire est bien loin des codes du cinéma actuel et son rythme, plus contemplatif que percutant, ne devrait pas jouer en sa faveur sur la génération "pop-corn" qui regarde un film comme on mange du maïs grillé. Pour ma part, je revois ce chef-d'oeuvre avec toujours autant d'admiration et de fascination, vision après vision. Je me laisse prendre par la main par ses sublimes images, j'oublie la prestation quelques peu théâtrales de Gustav von Wangenheim (Hutter) et Greta Schröder (Ellen), tout à fait normale pour cette époque, et je me transporte dans le château du comte Orlok pour assister aux malheurs du pauvre clerc de notaire puis sur le navire l'Empusa pour y voir la terreur des marins face à une créature vampirique de toute beauté pour enfin terminer mon voyage dans l'imaginaire à Wisborg, assistant à la vampirisation consentie de la pauvre Ellen.

Nosferatu le Vampire est un film-phare, une oeuvre ensorcelante et envoûtante, poétique, dramatique et terrifiante. Une date-clé du cinéma fantastique.

Remake en 1979 avec Nosferatu, Fantôme de la Nuit de Werner Herzog, avec Klaus Kinski et Isabelle Adjani.

LA SCÈNE MARQUANTE :
Dans la cale du navire, un marin s'attaque aux cercueils à l'aide d'une hache. Dans l'un d'eux se trouve le comte Orlok, qui se dresse d'un coup pour se défendre. Le vampire arpente ensuite le ponton du navire, en direction du pauvre capitaine, impuissant face au monstre. Le texte "le bateau de la mort a un nouveau capitaine" vient clore cette scène magistrale.  

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO 5/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 6/6


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LE FILM

Un Blu-Ray du film est disponible ICI

DR JEKYLL ET MR HYDE (1920)

DR. JEKYLL ET MR. HYDE

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Dr. Jekyll et Mr. Hyde
Titre original : Dr. Jekyll and Mr. Hyde
Autres titres : El hombre y la bestia

Réalisateur : John S. Robertson
Année : 1920
Pays : Etats-Unis
Musique : /
Genre : Épouvante
Interdiction : /

Casting
John Barrymore (Dr. Jekyll / Mr. Hyde)
 Brandon Hurst (Sir George Carewe)
 Martha Mansfield (Millicent Carewe)
Charles Lane (Dr. Lanyon)
Cecil Clovelly (Edward Enfield)
Nita Naldi (Miss Gina)

Compagnie de production : Famous Players-Lasky Corporation 

Première diffusion : 18 mars 1920 (Etats-Unis)

Durée : 79 minutes


L'HISTOIRE
Le docteur Jekyll, philanthrope et altruiste dans l'âme, passe le plus clair de son temps à soigner gratuitement les plus infortunés, délaissant sa vie personnelle au profit de son travail. Il se passionne également pour l'âme humaine et sur la dualité qui vit en chaque homme : le bien et le mal. Lors d'une soirée en compagnie de Sir George Carewe, un libertin adepte des plaisirs de la vie, la discussion tourne justement autour de ce sujet. Sir George Carewe décide d'emmener Jekyll dans un salon de music-hall afin de libérer le côté obscur de ce docteur irréprochable sur tous les points. Fasciné par la danseuse du cabaret, Jekyll est troublé par ce qu'il vient de ressentir et par les pulsions du désir qui se sont éveillées en lui. Refusant de céder à la tentation, il s'enferme dans son laboratoire et travaille sur une drogue permettant de dissocier le bien du mal chez l'être humain. En testant la drogue sur lui-même, il se transforme en être hideux et mauvais : Hyde. Désireux de poursuivre cette expérience, Jekyll informe son serviteur qu'un de ses amis, nommé Edward Hyde, viendra habiter dans sa maison. Sous son apparence maléfique de Hyde, il va louer une chambre et commence à mener une double-vie : il séduit par la force Gina, la danseuse du music-hall, fréquente les bars louches et mal famés, ne s'interdit aucun excès. Un antidote lui permet de redevenir le bon docteur Jekyll mais l'influence néfaste de Hyde se fait de plus en plus présente. Millicent Carewe, amoureuse de Jekyll, s'inquiète de ne plus avoir de nouvelles de ce dernier. Sir George Carewe se rend chez Jekyll pour rassurer sa fille mais il ne peut que constater son absence. Dans la rue, il aperçoit Hyde molestant un jeune garçon. Redevenu Jekyll, le docteur reçoit enfin Sir George Carewe mais refuse de lui fournir une explication sur son ami Hyde. C'est alors que Jekyll se transforme en Hyde sous les yeux ahuris de Sir George Carewe. Hyde tue ce dernier. Face à ce drame, Jekyll refuse de sortir de son laboratoire, n'ayant plus assez d'antidote pour lutter contre son alter ego infernal. 

LA FIN DU FILM :
Apprenant la mort de son père, Millicent et le docteur Lanyon, ami de Jekyll, se rendent au domicile de Jekyll. Celui-ci, sentant qu'il commence à se transformer en Hyde, qu'il ne parvient plus à contrôler, absorbe une dose de poison pour préserver la jeune femme. Une fois mort, Hyde redevient Jekyll sous les yeux du docteur Lanyon. Pour ne pas faire subir un second choc à Millicent, le docteur Lanyon lui dit que Hyde a tué Jekyll. 

MON AVIS :
Sixième adaptation cinématographique du roman culte de Robert Louis Stevenson "L'étrange Cas du docteur Jekyll et Mister Hyde", cette version datant de 1920 est également une adaptation de la pièce de théâtre de 1887, qui faisait apparaître entre autre le personnage de Millicent Carewe, inexistante dans le récit de Stevenson.

Réalisé par John S. Robertson, ce Dr. Jekyll et Mr. Hyde 1920 est une bonne surprise et s'avère être un bon film, largement supérieur aux versions précédentes. Sa durée de 79 minutes lui permet de développer plus avant ses personnages et de mieux nous faire comprendre le but des travaux de Jekyll sur le bien et le mal. On pense d'ailleurs au Portrait de Dorian Gray ici puisque le bon Jekyll se fait embarquer dans l'univers de la tentation pour un de ses amis, Sir George Carewe, pour qui "un homme ne peut pas détruire le sauvage qui est en lui en niant ses impulsions La seule façon de se débarrasser d'une tentation est d'y céder". La discussion entre les deux hommes sur ce délicat sujet puis la découverte de l'univers des cabarets seront pour Jekyll  le déclencheur de ses recherches sur sa drogue.

Dans cette version, Henry Jekyll et le méchant Hyde sont interprétés par John Barrymore, qui n'est autre que le frère de Lionel Barrymore et le grand-père de la ravissante Drew Barrymore. Séduisant et charismatique lorsqu'il joue le vertueux Jekyll, l'acteur devient repoussant et assez terrifiant quand il se métamorphose en Hyde.

La première séquence de transformation est d'ailleurs assez étonnante puisque tout repose sur les expressions de visage de l'acteur. Après avoir bu la potion, John Barrymore en fait des tonnes pour nous faire comprendre qu'il se passe quelque chose de grave. Il parvient alors, sans aucun effet de maquillage au départ, à créer une expression de visage qui le différencie totalement de son aspect avant la prise de potion, notamment par l'apparition d'un rictus et une coupe de cheveux ébouriffée. Pour nous montrer la transformation de ses mains, le film utilise le procédé classique de la surimpression. Puis, avec l'ajout d'une touche de maquillage lugubre, nous obtenons le visage définitif de Hyde. Un maquillage qui se verra de plus en plus fourni et appuyé au fur et à mesure des transformations, soulignant l'emprise de plus en plus forte de Hyde sur Jekyll.

Le personnage de Hyde se veut monstrueux et il l'est réellement. Cheveux hirsutes, dents pourris, yeux de fou furieux, mains déformées aux doigts crochus, il est l'incarnation de la méchanceté et se montre vraiment plus impressionnant que dans les versions précédentes. John Barrymore fait une excellente prestation dans ce film, que ce soit dans sa relation avec la danseuse ou lors de la séquence dans laquelle il piétine un jeune garçon en y prenant un cruel plaisir. Peut-être le plus réaliste des Hyde vu sur un écran ! Nul doute que les spectateurs de l'époque ont du être impressionnés.

Jamais ennuyeux, Dr. Jekyll et Mr. Hyde 1920 mérite vraiment qu'on s'y attarde. Malgré un jeu d'acteur encore un peu théâtral parfois, le film bénéficie d'un bon casting, d'une mise en scène efficace et d'une histoire connue de tous mais toujours intéressante. La prestation de John Barrymore vaut le coup d'oeil à elle seule ! On appréciera également un aspect érotique bien mis en avant, avec la sensualité de l'actrice Nita Naldi dans le rôle de la danseuse Gina.

A noter que la même année, un autre Dr. Jekyll et Mr. Hyde a également été réalisé par Charles J. Hayden, avec Sheldon Lewis dans le rôle titre. Il semblerait qu'il ne subsiste plus que 14 minutes du film sur une durée d'environ 45 minutes.

LA SCÈNE MARQUANTE :
Une scène cauchemardesque, dans laquelle Jekyll, épuisé, se couche pour trouver un repos bien mérité. "L'âme" de Hyde se matérialise alors sous la forme d'une araignée géante et vient perturber le sommeil de Jekyll, comme pour lui faire comprendre qu'il ne peut plus le contrôler et que c'est désormais lui qui décide de leur destiné. Impressionnant pour l'époque.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 1/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 4/6


QUELQUES PHOTOS

 

 

 

LE FILM :

LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI

LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Le Cabinet du Docteur Caligari
Titre original : Das Cabinet des Dr. Caligari
Autres titres : /

Réalisateur : Robert Wiene
Année : 1919
Pays : Allemagne
Musique : /
Genre : Épouvante
Interdiction : /

Casting
 Conrad Veidt (Cesare)
 Werner Krauss (Caligari)
Friedrich Feher (Franzis)
Lil Dagover (Jane Olsen)
Hans Heinrich von Twardowski (Alan)
Rudolf Lettinger (Docteur Olsen)

Compagnie de production : Decla-Bioscop AG 

Première diffusion : 26 février 1920 (Allemagne)

Durée : 73 minutes


L'HISTOIRE
Franzis, un jeune homme au regard absent, va raconter la sinistre aventure qu'il vient de vivre à un inconnu dans un parc. 
Le docteur Caligari demande l’autorisation au secrétaire de la ville d'Holstenwall de pouvoir installer un petit chapiteau à la fête foraine pour présenter son attraction : Cesare le somnambule. Il obtient l'autorisation malgré la mauvaise humeur du secrétaire. Ce dernier est retrouvé assassiné le lendemain. Dans la journée, Alan et son ami Franzis se rendent à la fête foraine et vont au "cabinet du docteur Caligari" pour découvrir Cesare. Alan demande au somnambule de lui prédire l'avenir. Cesare lui répond qu'il mourra avant l'aube. En rentrant chez eux, les deux amis croisent la route de Jane Olsen, une belle jeune femme dont ils sont tous deux amoureux. Le lendemain matin, Alan est retrouvé mort. Pour son ami Franzis, il ne fait aucun doute qu'Alan a été assassiné par Cesare. Il décide de mener son enquête et espionne les activités du docteur Caligari. Un vagabond est arrêté par la police alors qu'il était prêt à commettre un crime. Il reconnaît son acte mais assure ne pas être responsable du meurtre du secrétaire de la mairie et d'Alan. Intriguée par les soupçons de Francis, Jane Olsen se rend chez le docteur Caligari. Devant Cesare, elle prend peur et s'enfuit. Durant la nuit, Cesare tente d'assassiner Jane, mais devant la beauté de cette dernière, il se ravise et la kidnappe. Il est poursuivi par le père de Jane, aidé de la police. Se sentant piégé, il abandonne Jane. Caligari est quant à lui poursuivi par Franzis. Il trouve refuge dans un hôpital psychiatrique. Franzis découvre qu'il est le directeur de l'établissement. Des preuves sont découvertes contre Caligari, qui aurait utiliser le somnambulisme de Cesare pour lui faire commettre des crimes. Démasqué, Caligari sombre dans la folie et est interné dans son propre hôpital. 

LA FIN DU FILM :
Après avoir raconté cette drôle d'aventure, Franzis s'en va du parc et se rend dans une grande salle qui n'est autre que celle de l'hôpital psychiatrique. Il y croise Cesare et Jane parmi les autres patients. Puis il aperçoit le directeur, qui ressemble à Caligari. Il se jette sur lui pour l'étrangler mais il est rapidement maîtrisé par le personnel soignant. Le directeur affirme qu'il a compris la démence de Franzis et qu'il a désormais un moyen pour le guérir. 

MON AVIS :
Et voilà le premier chef-d'oeuvre du cinéma fantastique ! 73 minutes au cœur du cinéma expressionniste, un voyage dans un univers étrange et de toute beauté, servi par un scénario novateur et un retournement de situation incroyable, un twist que N. Night Shyamalan n'aurait pas renié !

Oeuvre picturale hypnotique, Le Cabinet du Docteur Caligari tire en partie sa force des décors composés de diverses peintures et toiles dues aux artistes peintres Herman Warm, Walter Röhrig et Walter Reinmann. Forme cubique, ligne abstraite ou déformée, perspective amplifiée, cette utilisation de la géométrie et de la distorsion artistique de la réalité confèrent au film une aura particulière qui sied tout à fait à son côté fantastique et angoissant. Il faut également ajouter les changement de couleurs en fonction des séquences, allant du sépia orangé aux teintes verdâtres ou bleutées du plus bel effet.

Réalisé en seulement trois semaines par Robert WieneLe Cabinet du Docteur Caligari nous présente un personnages des plus curieux : Cesare le somnambule, merveilleusement interprété par Conrad Veidt, légende du cinéma muet. Son teint blafard, ses yeux cernés de noir en font une sorte de créature vampirique, démoniaque, qui marque les esprits. La séquence dans laquelle il kidnappe Jane et s'enfuit à travers les rues, dans nombre de décors tarabiscotés, dont les toits de la ville, est magnifique. C'est d'ailleurs une scène qui sera maintes fois reprises dans le futur (le monstre prenant dans ses bras une jeune femme et qui se fait pourchassé par les habitants et la police).

Tarabiscoté, le scénario l'est également. On plonge dans un univers de folie, que nous raconte Franzis, l'un des protagonistes principaux. Nous, spectateurs, prenons évidemment pour argent comptant son récit, comment pourrait-il en être autrement ? Et puis arrive le twist final, qui va chambouler tout ce qu'on a vu et qu'on croyait être la réalité. Tout comme les décors du film qui déforment la réalité, le scénario du Cabinet du Docteur Caligari s'amuse lui aussi à jouer de cette réalité apparente pour mieux nous surprendre, nous étonner. La conclusion elle-même nous laissera sur un dernier doute, une dernière interrogation.

Oeuvre matricielle qui inspira de nombreux réalisateurs (Tim Burton, Dario Argento), possédant une horde de fans qui la vénère (dont Rob Zombie), Le Cabinet du Docteur Caligari garde encore toute sa force, toute sa magie, toute sa poésie. Mêlant scènes d'une beauté picturale renversante à une ambiance d'épouvante finement travaillée (le jeu d'ombre montrant Cesare assassinant Alan), le film de Robert Wiene nous émerveille par sa virtuosité, sa galerie de personnages et sa mise en scène.

Un pur classique.

LA SCÈNE MARQUANTE :
La première apparition de Cesare, ouvrant les yeux tel un zombie se réveillant d'un profond sommeil. Une séquence culte, reprise en hommage dans le Phantom of the Paradise de Brian de Palma.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 5/6
- VIOLENCE : 1/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 6/6


QUELQUES PHOTOS

 

 

 

LE FILM

Une sublime version blu-ray est disponible ICI

CAUCHEMARS ET HALLUCINATIONS

CAUCHEMARS ET HALLUCINATIONS

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Cauchemars et Hallucinations
Titre original : Unheimliche Geschichten
Autres titres : Eerie Tales

Réalisateur : Richard Oswald
Année : 1919
Pays : Allemagne
Musique : /
Genre : Épouvante
Interdiction : /

Casting
 Conrad Veidt (La Mort, divers personnages)
 Reinhold Schünzel (Le Diable, divers personnages)
Anita Berber (La prostituée, divers personnages)
Hugo Döblin
Paul Morgan
Georg John

Compagnie de production : Richard-Oswald-Produktion

Première diffusion : 6 novembre 1919 (Allemagne)

Durée : 98 minutes


L'HISTOIRE
Dans une bouquinerie. Une fois le propriétaire des lieux partit, les personnages des trois tableaux accrochés au mur, la Mort, le Diable et la Prostituée, sortent de leur toile et se plongent dans la lecture de quelques ouvrages terrifiants et nous font profiter des histoires macabres qu'ils vont se raconter...

LA FIN DU FILM :
Une fois leur lecture terminée, la Mort, le Diable et la Prostituée réintègrent leur tableau respectif. Le bouquiniste, qui a été témoin de ce phénomène terrifiant, sombre dans la folie...

MON AVIS :
On cite souvent Le Cabinet du Docteur Caligari comme étant l'ancêtre et le précurseur du cinéma d'épouvante. Rendons donc à César ce qui lui appartient. Car oui, Cauchemars et Hallucinations, bien que réalisé la même année, a été diffusé avant le classique de Robert Wiene et peut donc se targuer d'être le film pionnier du genre, même si on a vu qu'il existe des versions du Dr Jekyll et Mr Hyde qui lui sont antérieurs et qui jouaient déjà avec le registre de l'épouvante. Néanmoins, de part sa durée, 112 minutes environ, Cauchemars et Hallucinations peut être vu comme le premier long métrage d'épouvante du cinéma. A noter que le négatif original du film a été perdu et que la seule copie existante, restaurée par la Cinémathèque Française, dure 98 minutes.

En plus de ce titre honorifique, le film de Richard Oswald en choppe un second au passage, à savoir celui de premier film à sketch horrifique ! Car oui, Cauchemars et Hallucinations nous présente un fil conducteur (la Mort, le Diable et la Prostituée qui pénètrent dans le monde réel et vont se lire des histoires qui font peur) ainsi que cinq histoires horrifiques. Vous l'aurez compris, voici l'ancêtre des Contes de la Crypte, rien que ça ! D'ailleurs, son titre américanisé, Eerie Tales, correspond tout à fait au spectacle proposé.

La première histoire s'intitule "L'apparition". Un homme qui se promène est témoin de l'agression d'une belle jeune femme par un homme violent. Il se précipite pour lui venir en aide. Celle-ci lui explique que l'homme violent n'est autre que son mari qui la traque sans cesse et en veux à sa vie. Pour la protéger, l'homme loue à la femme une chambre dans le même hôtel que le sien. Le lendemain, il ne trouve aucune trace de la jeune femme et la chambre est totalement déserte. Il se renseigne à l'accueil mais le maître d'hôtel lui dit qu'il n'a jamais été accompagné d'une femme hier soir. L'homme a-t-il été victime d'une hallucination ?? La vérité sera bien plus terrible...

Second sketch : "La main". Deux hommes désirent la même femme. Pour se départager, ils décident de jouer aux dés. Malheureusement pour le vainqueur, le perdant est mauvais joueur et il l'étrangle. Plusieurs années après ce drame, l'étrangleur est toujours hanté par son geste et par la vision de sa main enserrant le cou de sa victime. Une victime dont l'enveloppe spectrale compte bien poursuivre sa vengeance...

La troisième histoire est intitulée "Le chat noir", un classique de la littérature horrifique du à Edgar Allan Poe. Un mari ivrogne est soupçonné d'avoir fait disparaître son épouse et son chat noir...

Quatrième récit : "Le club du suicide". Un homme désire se faire accepter dans un club privé. Il découvrira, une fois intégré, que les membres de ce club se livrent à un jeu particulièrement macabre. Tous les soirs, les membres tirent une carte à jouer et celui qui pioche l'as de pique doit accepter de mourir à minuit ! 

Enfin, la dernière histoire se nomme "Le spectre". Délaissée par son époux qui travaille trop, une femme se laisse séduire par un jeune baron qui vient d'être recueilli dans sa maison après un accident de calèche. Ce dernier, sensible aux charmes de la femme, joue les bonimenteurs et inventent des histoires le mettant en valeur. Quand le mari s'esquive et laisse sa femme et le baron seuls, d'étranges phénomènes se manifestent dans la maison et le courageux baron va vite dévoiler sa véritable nature de froussard...

Cauchemars et Hallucinations porte donc bien son titre. Les récits jouent savamment sur l'épouvante et ces deux thématiques. Ils misent sur une ambiance macabre dans lequel l'humour noir est souvent présent, notamment lors du twist final. Comme dans tous les futurs films à sketch à venir, la qualité des différentes histoires varient forcément, avec des récits qui sortent plus du lot que d'autres. Mais dans l'ensemble, ces cinq histoires sont de bonnes tenues, se montrent efficaces dans leur traitement et la mise en scène, bien qu'encore très classique avec une caméra toujours statique, participe à créer un climat d'étrangeté bienvenu, climat renforcé par le jeu du trio d'acteurs principaux multi-rôles dont les expressions de visage, les yeux exorbités et la gestuelle amplifiée trouvent ici matière à s'exprimer librement.

Les acteurs qui interprètent la Mort, le Diable et la Prostituée, à savoir respectivement Conrad VeidtReinhold Schünzel et Anita Berber jouent également de nombreux autres rôles au sein des cinq histoires, maquillés et vêtus de différentes façons . Bien sûr, le plus charismatique reste Conrad Veidt, légendaire acteur du muet, qu'on reverra par la suite dans des films prestigieux comme Le cabinet du Docteur Caligari (1919), Satanas (1920), Le Crime du Docteur Warren (1920), Les Mains d'Orlac (1924), Le Cabinet des Figures de Cire (1924), L'étudiant de Prague (1926) ou bien encore L'Homme qui rit (1928) dans le registre qui nous intéresse ici. En 1940, il interprétera Jaffar dans le sublime Le Voleur de Bagdad. La jolie Anita Berber aura une fin tragique puisqu'elle mourra à vingt-neuf ans, en 1928. 

Avec ses histoires mêlant amant criminel, séance de spiritisme, fantôme vengeur, apparition, meurtres, femmes en détresse, mari jaloux et violent, chat emmuré vivant, club du suicide, maison hantée et j'en passe, Cauchemars et Hallucinations sait divertir tout en se montrant parfois angoissant et la chute des histoires réservent toujours une bonne surprise. Un film à sketchs de qualité et qui mérite mieux que sa relative clandestinité. 

LA SCÈNE MARQUANTE :
Dans le second sketch, quand la jeune femme découvre le cadavre de son amoureux et que celui-ci s'agite une dernière fois, tout en contracture, dans un dernier spasme.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 1/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 4/6


QUELQUES PHOTOS :

 

 

 

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