Affichage des articles dont le libellé est fantastique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est fantastique. Afficher tous les articles

HÄXAN, LA SORCELLERIE A TRAVERS LES ÂGES

HÄXAN, LA SORCELLERIE A TRAVERS LES ÂGES

FICHE TECHNIQUE

Titre français : La Sorcellerie à travers les Âges
Titre original : Häxan
Autres titres : Häxan: Witchcraft Through the Ages

Réalisateur : Benjamin Christensen
Année : 1922
Pays : Suède
Musique : Ludwig van Beethoven
Genre : Fantastique, documentaire
Interdiction : /

Casting
Benjamin Christensen (Le Diable)
Maren Pedersen (La sorcière)
Clara Pontoppidan (Une nonne)
Elith Pio (Le jeune inquisiteur)
John Andersen (Le chef inquisiteur)
Emmy Schønfeld (Marie)

Compagnie de production : Aljosha Production Company / Svensk Filmindustri

Première diffusion : 18 septembre 1922 (Suède)

Durée : 104 minutes


L'HISTOIRE
Le réalisateur Benjamin Christensen va nous proposer, en sept chapitres, un documentaire-fiction sur la sorcellerie à travers les siècles, et plus particulièrement sur la perception du Diable et des sorcières au Moyen-Âge. Durant cette sombre période de l'Histoire, plus de huit millions de personnes furent accusées de sorcellerie, torturées et brûlées, tombant sous le joug de la cruelle inquisition. Nous suivrons l'histoire de Karna, une vieille sorcière mais aussi d'une jeune femme qui pense que son mari a été ensorcelé et qui se rapproche d'un jeune inquisiteur, qui pense, à son tour, avoir été ensorcelé par la jeune femme...  

LA FIN DU FILM :
Benjamin Christensen parle de la perception de la sorcellerie à notre époque (les années 20) et met en avant les avancées dans la psychiatrie et les maladies mentales comme l'hystérie, maladies qui pouvaient conduire les gens à être pris pour des suppôts de Satan lors des siècles passés...

MON AVIS :
Réalisé la même année que Nosferatu le Vampire de Murnau, Häxan, connu également sous son titre français La Sorcellerie à travers les Âges, est un film à part puisqu'il s'agit avant tout d'un documentaire-fiction traitant de la sorcellerie, des sabbats, des sorcières et plus particulièrement de la chasse aux sorcières qui rythma l'époque du Moyen-Âge entre autre.

Film suédois dû à Benjamin Christensen, Häxan se compose de sept chapitres qui se veulent instructifs, érudits, historiques et intéressants. Le film dans son ensemble parvient très bien à assumer ses ambitions, malgré quelques raccourcis et approximations, et n'hésite pas à se montrer sans pitié envers le fanatisme et l'obscurantisme religieux, deux plaies universelles qui n'ont malheureusement pas disparues et se font même de plus en plus présentes en cette décennie 2010's. Ici, la religion visée est le Christianisme et il est bon de rappeler que les extrémistes catholiques n'avaient, à une certaine époque, rien à envier aux fanatiques de Daesh.

L'aspect documentaire est particulièrement présent dans le premier chapitre, puisque dans ce dernier, il n'y a aucune image filmée mais juste des images ou des représentations d'actes de sorcellerie, du Diable et de l'Enfer, commentées par le réalisateur lui-même, qui n'hésite d'ailleurs pas à interpeller à plusieurs reprises le spectateur au cours du film. Un premier chapitre thématique qui dénote avec le reste du métrage par cet approche purement documentaliste et scientifique, et qui pourra surprendre le spectateur s'attendant à voir un simple film d'épouvante sur des sorcières.

A partir du second chapitre, on bifurque dans l'univers cinématographique et Häxan se pare de superbes images nous plongeant dans le fantastique pur, nous présentant une vieille sorcière préparant potions et filtres d'amour à base d'ingrédients peu recommandables, ballets de sorcières virevoltantes dans le ciel sur leurs balais, apparition du Diable venant tourmenter les pauvres âmes en perdition ou participant à des sabbats frénétiques, accouchement multiple d'une sorcière donnant naissance à des enfants conçus avec quelques démons de passage, tentation d'une nonne par le Diable dans un couvent et j'en passe. Visuellement splendides, les images présentées aux spectateurs possèdent une force indéniable et Christensen à un sens de la mise en scène certain, aidé en cela par des effets-spéciaux (superposition, animation image par image...) et de maquillage très réussis.

Si la sorcellerie et ses représentations sont à l'honneur dans les premiers chapitres du film, Häxan devient ensuite, comme déjà évoqué, un vibrant réquisitoire contre les méfaits de l'Eglise et s'attarde à nous présenter la terrible Inquisition, à travers des scènes de chasse aux sorcières, de dénonciation, du procès hasardeux et de tortures diverses. Les procédés mis en place par les inquisiteurs pour faire avouer les pseudos-sorcières sont décrits complaisamment pour bien nous faire comprendre leur absurdité. Comme dit dans le film, le seul but de l'Inquisition est de faire avouer les victimes. Au vu des sévices et tortures prodigués, on comprend aisément que ces dernières finissent par avouer ce que leurs bourreaux veulent entendre pour mettre fin à leur supplices.

Häxan nous présente d'ailleurs certains instruments de tortures de l'époque médiévale et force est de constater qu'on n'a vraiment pas envie de les essayer ! Pince-doigts, ceinture ou anneau de cou pourvus de pointes acérées, table d'élongation des bras et des jambes, écrase-pied, broyeur de chevilles et autres raffinements sont mis en valeur et quand on sait que plusieurs millions d'innocents ont connu un véritable enfer au nom de la religion, ça fait froid dans le dos. On reste d'ailleurs bouche-bée quand une jolie jeune femme, pensant que son mari est ensorcelé, vient demander de l'aide à un jeune inquisiteur, qui en tombe amoureux. Refusant d'éprouver ce sentiment, il mettra ça sur le compte d'un envoûtement et dénoncera la malheureuse comme étant une sorcière ! Une aberration qui laisse pantois. Un carton-titre nous dit d'ailleurs "qu'il n'est pas bon être une femme vieille et laide, ni jeune et belle".

La fin du film évoque la sorcellerie telle qu'on la conçoit à l'époque de celui-ci (les années 20) et Christensen traite de la psychiatrie, rationalisant par la même occasion ce qui apparaissait comme démoniaque au Moyen-Âge. On sait par exemple que les inquisiteurs enfonçait une pointe dans le dos des personnes soupçonnées de sorcellerie et que certaines ne ressentaient aucune douleur, prouvant leur dévotion au Diable. La connaissance de la maladie de l'hystérie vient annihiler cette croyance comme l'explique la séquence dans laquelle un médecin fait le test d'époque sur une de ses patientes atteinte de ce trouble.

Oeuvre hors norme, somptueux livre d'images, implacable plaidoirie contre le sectarisme religieux, Häxan, La Sorcellerie à travers les Âges est assurément le film précurseur de toute la vague de longs métrages horrifiques mettant en scène l'Inquisition, du Grand Inquisiteur à La Marque du Diable entre autre. Si l'aspect documentaire, fort insistant tout de même, risque de déconcerter le spectateur, il n'en reste que les visions du Diable et des sabbats orgiaques, teintés d'érotisme, ainsi que les scènes traitant de l'Inquisition et de ses égarements, possèdent encore une puissance évocatrice et un style visuel qui en font un film muet majeur de cette décennie des 20's.

En 1968, le film fût remonté, raccourci à une durée de 77 minutes et commenté par William S. Burroughs.  

LA SCÈNE MARQUANTE :
La première apparition du Diable, superbement maquillé et interprété par le réalisateur lui-même.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 1/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 1/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 4/6


QUELQUES PHOTOS

 

 

 

 

 


LE FILM :

Disponible en double DVD chez POTEMKINE avec une version de 104 minutes, de 87 minutes et la version de 1968 racontée par William S. Burroughs

LES TROIS LUMIÈRES

LES TROIS LUMIÈRES

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Les Trois Lumières
Titre original : Der müde Tod
Autres titres : Destiny

Réalisateur : Fritz Lang
Année : 1921
Pays : Allemagne
Musique : /
Genre : Fantastique
Interdiction : /

Casting
Lil Dagover (La jeune femme / Zobeide / Monna Fiametta / Tiao Tsien)
Walter Janssen (Le jeune homme / Franke / Giovanfrancesco / Liang)
Bernhard Goetzke (La Mort / le jardinier / Bogner / l'archer)
Hans Sternberg (Le maire)
Karl Rückert (Le révérend)
Rudolf Klein-Rogge (Girolamo)

Compagnie de production : Decla-Bioscop AG

Première diffusion : 6 octobre 1921 (Allemagne)

Durée : 99 minutes


L'HISTOIRE
Un étranger au regard lugubre monte dans une diligence qu'occupe un couple de jeunes amoureux. Le véhicule s'arrête au abord d'une petite ville. L'étranger, qui n'est autre que la Mort, achète une parcelle de terrain située juste à côté du cimetière et la fait entourer d'une immense muraille sans porte. Il retrouve le couple d'amoureux dans une taverne et emmène le jeune homme. Inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son fiancé, la jeune femme se rend devant la muraille et voit de nombreuses âmes la traverser. Comprenant qui est réellement l'étranger et ce qu'il est advenu de son fiancé, elle décide de boire du poison pour le rejoindre. Avant qu'elle ne puisse accomplir son geste, elle se retrouve face à la Mort et le supplie de lui rendre son fiancé. La Mort lui propose alors un marché. Il l'emmène à l'intérieur d'une citadelle dans laquelle sont dispersées des milliers de bougies. Chaque flamme représente une personne vivante et si la bougie s’éteint, c'est que son heure est venue. La Mort montre alors trois bougies à la jeune femme. Si elle parvient à sauver l'une des trois vies représentées par les trois flammes, son fiancé lui sera rendu. Elle se retrouve alors dans trois époques différentes, dans trois lieux différents mais ne parvient pas à remplir sa mission. Malgré ses trois échecs, la Mort, décidément bien clémente, lui propose une dernière solution : en échange de son fiancé, elle doit lui amener une autre vie...

LA FIN DU FILM :
La jeune femme tente, en vain, de trouver une personne sur le point de mourir ou qui accepterait de mourir. C'est alors qu'un terrible incendie se déclare dans une maison. Les occupants sont évacués à l'exception d'un nouveau-né. La jeune femme fonce tête baissée dans le brasier pour trouver le chérubin. La Mort lui apparaît alors et tend les bras, prête à recevoir l'enfant en échange du fiancé. Mais la jeune femme refuse au dernier moment d'échanger la vie de son fiancé contre celle du nouveau-né et sauve ce dernier des flammes. Elle propose alors sa propre vie à la Mort afin de rejoindre son fiancé pour l'éternité.

MON AVIS :
Est-il besoin de présenter Fritz Lang ? Ce génial metteur en scène a offert tant de chefs-d’œuvres au cours de sa carrière, et ce, dans différents genres, qu'il me semble inutile de le mettre en lumière, sa filmographie se suffisant à elle-même. Qui n'a jamais entendu parler ou même vu la saga du Docteur Mabuse, Metropolis, Le Tigre du Bengale et sa suite Le Tombeau Hindou, La Femme au Portrait, Les Contrebandiers de Moonfleet ou Le Secret derrière la Porte ?

En 1921, Fritz Lang a déjà six longs métrages à son actif. Avec Les Trois Lumières, il nous offre un film très poétique, un conte fantastique dans lequel le thème de la destinée (titre américanisé du film et parfaitement adapté ici) et celui de la fatalité prédominent, puisqu'on va assister à la destinée multiple d'une jeune femme qui va tout faire pour gagner un combat contre la Mort elle-même ! Mais peut-on espérer gagner contre une entité immortelle ? Et l'amour peut-il être plus fort que la Mort ?

Ces questions, Fritz Lang va les traiter à travers un fil conducteur et trois histoires dans Les Trois Lumières. Oui, ce film peut être vu comme un film à sketchs et reprend d'ailleurs le procédé vu dans Cauchemars et Hallucinations, à savoir faire interpréter différents personnages aux acteurs principaux du fil conducteur dans les diverses histoires.

Le fil conducteur nous présente donc la Mort, superbement interprétée par l'acteur Bernhard Goetzke, dont le visage et la gestuelle donnent à cette entité tout son aspect lugubre et terrifiant. Cette dernière va donc prendre la vie d'un jeune homme "car son heure est venue", tout simplement. Sa fiancée va tenter de négocier un sursis et va pactiser avec la Mort, celle-ci lui offrant la possibilité de sauver trois vies, symboliquement représentée par la flamme de trois bougies, les fameuses "trois lumières" du titre.

Ce fil conducteur nous propose de très belles images et des idées intéressantes, comme ce mur gigantesque que la Mort fait construire autour du domaine qu'elle vient d'acheter et qui ne possède pas de porte ou le fait que le verre de l'étranger se transforme en sablier, évoquant le temps qui passe, inéluctable. La séquence dans laquelle des âmes fantomatiques traversent cette muraille est très belle. Il en va de même pour l'intérieur de la citadelle entièrement décorée par des bougies. Fritz Lang manie l’esthétisme avec brio et dégage de ses images une grâce poétique certaine. On notera également une certaine ironie de sa part quant à sa représentation des bourgeois, ces derniers n'appréciant pas l'étranger venu dans leur ville mais acceptant de lui vendre un bout de terrain en échange de son argent.

La suite du film prend donc la direction du film à sketch puisque, aux trois lumières du titre, s'associent trois histoires d'amour fou, trois récits dans lesquels la destinée et la fatalité seront présentes, avec, pour chacun d'entre-eux, le même but à atteindre pour le personnage féminin : sauver son amoureux. Une mise en parallèle du fil conducteur donc.

La première histoire se situe en Perse. Zobeide, la sœur du Calife, est amoureuse d'un infidèle. Ce dernier est pourchassé par les hommes du Calife. Zobeide parvient à le dissimuler et à lui apporter son aide à l'intérieur du palais. Malheureusement, il sera fait prisonnier et le jardinier l'enterrera jusqu'au cou, dévoilant alors sa véritable apparence, celle de la Mort. Zobeide n'est pas parvenue à sauver son fiancé.

Le second récit se déroule en Italie. Le riche Girolamo est amoureux de la belle Monna Fiametta mais celle-ci lui préfère un séduisant jeune homme, Giovanfrancesco. Monna Fiametta a l'idée d'un plan pour se débarrasser de Girolamo et pouvoir vivre pleinement son amour avec son amoureux. Elle écrit deux lettres. Dans l'une, elle demande à Girolamo de la rejoindre à 22h, dans le seul but de le faire assassiner par son ami le Maure. La seconde est destinée à son fiancé. Mais Girolamo découvre le plan de celle qu'il convoite et fait échanger intervertir les deux lettres. C'est donc Giovanfrancesco, déguisé, qui vient à la rencontre de Monna Fiametta et qui meurt par l'épée du Maure. La jeune femme n'a pas pu empêcher la mort de son fiancé.

Troisième histoire, celle qui se déroule en Chine et qui possède l'aspect fantastique le plus prononcé. En effet, le magicien A Hi est demandé à la cour de l'empereur pour y présenter ses numéros. Ce dernier offre au souverain un cheval volant ainsi qu'une armée miniature. Mais l'empereur désire avant tout la fille du magicien, qui est déjà amoureuse d'un jeune homme. Après s'être enfuie avec son fiancé, la fille du magicien le transforme en tigre. Mais l'archer de l'empereur tue l'animal. La jeune femme n'a pu empêcher son amoureux de mourir.

Ces trois histoires, ces trois contes, jouent avec la destinée et la fatalité. La fin, tragique, de chaque récit était écrit à l'avance car on ne gagne pas contre la Mort. Le fait que les trois acteurs principaux interprètent les différents protagonistes des récits est un plus indéniable. Bernhard Goetzke est absent du second récit toutefois.

On appréciera le fait que dans tous ces récits, c'est le personnage de la femme qui est mis à contribution et qui s'impose par la force. Des récits qui jouent avec les thèmes universels de l'amour et de la mort, mais aussi avec ceux de la religion, du pouvoir. Intéressant également, ce côté "fragilisé" de la Mort, qui, las de prendre la vie des Hommes, offre une seconde chance à la jeune femme, voire même quatre chances si on veut être logique avec le film, de contrer la fatalité.

Maîtrisé de bout en bout par un Fritz Lang déjà maître de son art, Les Trois Lumières est un bien joli film, parsemé de superbes images et de quelques effets-spéciaux désuets mais efficaces pour l'époque, notamment lors du récit situé en Chine. Romantique et métaphorique, Les Trois Lumières mette en exergue une vérité infaillible, qui sera un peu bousculée dans les années 2000 avec la saga Destination Finale : à la fin, la Mort l'emporte toujours.

A noter que Les Trois Lumières est l'un des films préférés de Luis Bunuel et d'Alfred Hitchcock.

LA SCÈNE MARQUANTE :
La montée, dans un cadre très expressionniste, d'un immense escalier par l'héroïne allant à la rencontre avec la Mort afin de négocier avec elle.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO :4/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 4/6


QUELQUES PHOTOS

 

 

 



LE FILM

LA CHARRETTE FANTÔME (1921)

LA CHARRETTE FANTÔME

FICHE TECHNIQUE

Titre français : La Charrette Fantôme
Titre original : Körkarlen
Autres titres : The Phantom Carriage

Réalisateur : Victor Sjöström
Année : 1921
Pays : Suède
Musique : /
Genre : Fantastique
Interdiction : /

Casting
Victor Sjöström (David Holm)
Tore Svennberg (Georges)
Hilda Borgström (Mme Holm)
Astrid Holm (Soeur Edit)
Einar Axelsson (Le frère de David)

Compagnie de production : Svensk Filmindustri

Première diffusion : 1 janvier 1921 (Suède)

Durée : 103 minutes


L'HISTOIRE
Le soir de la St-Sylvestre, Sœur Edit se meurt à cause de la tuberculose et désire voir une dernière fois David Holm, l’un de ses protégés qui a malheureusement quitté le droit chemin. Les recherches se font d’abord chez la femme de Holm. Cette dernière semble sombrer dans une profonde dépression, ne s’occupant plus de ses jeunes enfants. Sans nouvelle information, les recherches se déplacent dans les bars, Holm étant connu pour sa consommation d’alcool importante, sans succès. Au chevet de la malade, la femme de Holm plonge dans la tristesse et le désespoir. David Holm, déjà bien aviné, est quant à lui dans un cimetière accompagné de deux amis, attendant le nouvel an une bouteille à la main. Il leur raconte une histoire que Georges, son meilleur ami décédé, lui a lui-même raconté : si quelqu’un vient à mourir à minuit le soir de la St-Sylvestre, il deviendra le conducteur de la charrette de la Mort, condamné à récupérer les âmes des mourants jusqu’au prochain nouvel an. Une bagarre éclate entre les trois clochards et l’un d’entre eux frappe violemment David Holm qui meurt à minuit. La charrette fantôme arrive alors pour prendre son âme. Le conducteur, qui n’est autre que Georges, reconnaît son ancien ami. Il explique à David qu’il va devoir prendre sa place en tant que conducteur de la charrette de la Mort et qu’il devra également assumer les conséquences des actes de sa vie. Georges est un peu dépité car c’est à cause de lui que David s’est écarté du droit chemin, a sombré dans l’alcool et provoqué le malheur dans sa famille. David se rappelle ces tragiques événements : son frère emprisonné pour avoir tué un homme ; sa haine grandissante envers sa femme et ses enfants qui ont quitté le domicile suite à son comportement violent ; sa méchanceté envers Sœur Edit qui l’avait recueilli au centre pour miséreux et qui est tombé malade à cause de lui. Face à la réalité de sa situation, il refuse de suivre Georges et de devenir le nouveau charretier de la Mort. Georges n’a d’autre choix que de le ligoter pour l’emmener de force avec lui faire sa macabre tournée. Tous deux se rendent au chevet de Sœur Edit. Cette dernière demande à Georges un peu de temps car elle espère toujours que David vienne lui rendre visite une dernière fois et avoue son amour pour lui. Il emmène alors David voir sa femme et ses enfants. Cette dernière est au bout du rouleau et veut se suicider avec du poison…

LA FIN DU FILM :
Voyant sa femme préparer le poison destiné à elle-même mais aussi à ses deux enfants, David ne peut se résoudre à laisser faire ce drame sans réagir. Il implore le pardon de Dieu en expiant tous ses péchés et demande une seconde chance. Georges accepte et laisse l’âme de David réintégrer son corps dans le cimetière. Redevenu mortel, David court chez lui pour empêcher le drame familial qui risque de se dérouler. Il éprouve enfin de l’amour pour sa femme et ses enfants. En mémoire de Sœur Edit, il jure d’être un bon mari et un bon père. Face aux larmes de David, sa femme accepte de le pardonner et de croire à sa rédemption.

MON AVIS :
Faisant partie des films préférés d'Ingmar Bergman, La Charrette Fantôme du réalisateur également suédois Victor Sjöström (Le Vent, La Lettre écarlate, Larmes de Clown...) est un drame fantastique humaniste, mettant en vedette un alcoolique qui a causé bien des désagréments à son entourage, à ceux qui voulaient le soutenir et l'aider, et qui, en mourant le jour de l'An, va rencontrer le charretier de la Mort afin de prendre sa place. Cette rencontre va lui faire prendre conscience de ses agissements ce qui le poussera à demander une seconde chance.

Si l'histoire ressemble à une variation de A Christmas Carol, célèbre conte de Charles Dickens, elle est avant tout basée sur un roman de Selma Lagerlöf publié en 1912 et intitulé Körkarlen. La Charrette Fantôme a été réalisé au milieu des années 20 et sa première diffusion eut lieu le 1er janvier 1921, jour du nouvel An, date à laquelle se déroule l'histoire du film. Le film reçut un accueil critique très favorable et surpris les spectateurs de l'époque par la beauté de ses images, son mélange entre réalisme cru et scènes oniriques et l'ingéniosité de ses effets-spéciaux.

Revu de nos jours, La Charrette Fantôme possède encore sa capacité à surprendre grâce à ses excellents effets visuels. Utilisant la technique de la surimpression, on assiste à de très bonnes séquences fantastiques dans lesquelles l'âme des morts sortent littéralement de leur corps par exemple. Encore plus transcendant, cette charrette fantomatique translucide tirée par un cheval et dirigée par le charretier, une faux à la main, et qui traverse les décors ou roule sur l'eau afin de récupérer son dû, même s'il s'agit d'un noyé gisant au fond de la mer. Des images magnifiques, souvent de teinte bleutée, surréalistes, poétiques et oniriques, qui donnent à ce coursier de la Mort un aspect fantasmagorique du plus bel effet, nous donnant réellement l'impression qu'il évolue entre le monde des vivants et le monde des morts.

Issue d'une légende scandinave, la présence du charretier de la Mort permet de mettre en lumière le personnage principal de l'histoire, à savoir David Holm, un alcoolique qui n'a rien d'un enfant de cœur, et qui est interprété par le réalisateur Victor Sjöström lui-même. Ce dernier livre une composition saisissante et donne une vraie dimension à ce personnage que ses actes rendent franchement antipathique. Méchanceté gratuite, violence conjugale et bagarres rythment la vie de ce pauvre bougre qui ne se rend pas compte du mal qu'il fait à autrui, que ce soit sa femme, ses enfants, son frère, ses amis et même une Sœur qui en tombera pourtant amoureuse et qui n'aura de cesse que d'essayer de lui venir en aide et de le remettre dans le droit chemin.

Les séquences dans lesquelles David Holm s'en prend aux autres personnages sous l'effet de l'alcool sont réalistes et versent parfois dans le sadisme psychologique, ce qui contraste fortement avec les scènes s'illustrant dans le registre du cinéma fantastique.

Cette partie qu'on qualifiera de drame humain est astucieusement composée de divers flashbacks nous présentant la vie dissolue de David Holm. Ces petits bouts de vie viennent s'imbriquer dans l'histoire principale et opèrent des cassures de rythme et ralentissement parfois ce dernier. Ils sont néanmoins nécessaires pour bien nous faire prendre conscience de la véritable nature de David Holm, ce qui donnera plus de poids à sa rédemption et à sa seconde chance lors du final riche en émotions.

Si La Charrette Fantôme se montre un peu trop moralisateur, rappelons que le roman de Selma Lagerlöf  fût une commande de la Société suédoise de lutte contre la tuberculose, ce qui explique ce côté prédicant, cet aspect "film à sermon" qui se dégage de sa vision. Impossible de traiter un tel sujet sous un angle humoristique ou léger.

Victor Sjöström a donc réalisé avec La Charrette Fantôme un beau film dont certaines images restent en mémoire. Outre les diverses apparitions spectrales superbement mises en scène, le fan de cinéma fantastique et horrifique retiendra particulièrement une séquence du film, qui est décrite dans la section "La scène marquante" ci-dessous. Ou comment, 59 ans avant Stanley Kubrick et Shining, un homme pris dans une spirale de colère s'empare d'une hache pour défoncer la porte qui le sépare de sa femme et de ses enfants, ces derniers étant retranchés derrière cette paroi de bois par peur. Hallucinant.

LA SCÈNE MARQUANTE :
Voulant échapper à la violence de David, sa femme prend ses deux enfants avec elle et s'enferme dans une pièce avoisinante. Fou de rage, David se saisit d'une hache et défonce la porte, hystérique. 

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 4/6


QUELQUES PHOTOS

 

 

 

LE FILM

LE GOLEM (1920)

LE GOLEM

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Le Golem
Titre original : Der Golem, wie er in die Welt kam
Autres titres : The Golem - How He Came Into the World

Réalisateur : Paul Wegener, Carl Boese
Année : 1920
Pays : Allemagne
Musique : /
Genre : Fantastique
Interdiction : /

Casting
Paul Wegener (Le Golem)
Albert Steinrück (Le rabbin Löw)
Lyda Salmonova (Miriam)
Lothar Müthel (Le chevalier Florian)
Otto Gebühr (L'empereur)

Compagnie de production : Projektions-AG Union

Première diffusion : 29 octobre 1920 (Allemagne)

Durée : 85 minutes


L'HISTOIRE
Le grand rabbin Löw lit dans les étoiles un mauvais présage pour son peuple. Sa crainte est confirmée quand le chevalier Florian vient apporter une lettre de l’Empereur dans laquelle ce dernier décrète que les juifs doivent quitter leur quartier de Prague, surnommé le ghetto, sous peine de représailles. Löw cherche une solution pour protéger son peuple. Dans son laboratoire, il retrouve un vieux manuscrit permettant d'insuffler la vie à un golem, une créature d'argile que le rabbin doit façonner de ses propres mains. Ce qu'il n'hésite pas à faire. Avec son assistant, le rabbin Famulus, il invoque une divinité afin qu'elle lui fournisse le "mot" permettant de faire vivre le golem. Une fois ce mot écrit sur un morceau de papier puis inséré dans un médaillon représentant une étoile, le rabbin Löw place ce dernier sur le golem qui s'anime et devient son serviteur. Le chevalier Florian revient souvent au ghetto apporter des nouvelles de l'Empereur mais également pour voir Miriam, la fille de Löw dont il est tombé amoureux et réciproquement. L'Empereur invite Löw dans son château et lui demande de venir avec son golem. Le rabbin montre sa créature à l'Empereur et à ses invités. Puis il leur montre une vision de l'exode des juifs, ce qui provoque l'hilarité de l'assistance. C'est alors que le plafond du château menace de s'écrouler et de tuer l'Empereur et ses sujets. Le golem parvient à soutenir le plafond et sauve la vie de l'Empereur et de plusieurs personnes. En remerciement, l'Empereur abandonne son projet d'expulser les juifs. Le rabbin Löw a remporté une grande victoire et le peuple juif le traite en héros. Malheureusement, le rabbin Famulus, amoureux lui aussi de Miriam, prend le contrôle du golem et lui ordonne de tuer le chevalier Florian. Devenu incontrôlable, le golem se retourne contre son créateur, sème la terreur dans le ghetto, incendiant le quartier et provoquant un mouvement de panique. Il kidnappe Miriam puis l'abandonne...

LA FIN DU FILM :
Après avoir semé le chaos dans le ghetto, le golem rencontre une petite fille qui lui offre une pomme. Sensible à la gentillesse de la petite fille, le golem la prend dans ses bras. La fillette retire le médaillon du golem qui retourne alors à son état de statut d'argile. Le rabbin Löw ramène sa créature dans le quartier avec l'aide des habitants.

MON AVIS :
Issu d'une légende folklorique médiévale juive, le thème du golem a été popularisé par un roman de Gustav Meyrink publié en 1915. 

En cette même année 1915, le réalisateur Paul Wegener, celui-là même qui nous avait offert L'Etudiant de Prague deux ans auparavant, réalise une première adaptation de cette légende avec Le Golem (1915), moyen-métrage d'une heure dans lequel il interprète déjà la créature d'argile. Une créature fantastique qu'il semble particulièrement affectionner puisqu'il mettra en scène en 1917 une comédie intitulée Le Golem et la Danseuse, dans laquelle un acteur (toujours Paul Wegener) personnifie le monstre qui l'a rendu célèbre à l'écran et va connaître bien des déboires. Malheureusement, ces deux films sont perdus. 

Heureusement pour le fantasticophile, Paul Wegener reviendra une troisième fois sur le sujet avec Le Golem version 1920, qui s'avère être un petit bijou du cinéma muet, du cinéma allemand et du cinéma fantastique ! Rien que ça !

Par bien des aspects, Le Golem est un film fondateur qui pose de nombreuses bases pour le cinéma fantastique, bases qui seront reprises et copiées à maintes reprises par la suite. On citera pèle-mêle : la thématique de la créature qui se retourne contre son créateur ; la créature qui développe des sentiments, se met à réfléchir, à penser par elle-même alors qu'elle est censée être totalement inadaptée à ces dispositions mentales ; la créature qui désire une compagne ; la créature qui fait le mal sans réellement le vouloir ou être consciente de ses actes car ne connaissant pas la notion même de Bien et de Mal entre autre. Des thématiques universelles, qui ne manqueront pas de nous rappeler un chef-d'oeuvre de 1931 ! Oui, le Frankenstein de James Whale possède en effet toutes ses thématiques et Le Golem a certainement été une puissante source d'inspiration, autant de similitudes ne pouvant être fortuites (on a même la séquence de la petite fille et du monstre dans le film de Paul Wegener, qui donnera lieu à une séquence culte dans le film avec Boris Karloff).

S'il est considéré comme faisant partie du cinéma expressionniste allemand, Le Golem en semble toutefois un peu éloigné, même si le travail sur la lumière, les ombres et les décors n'est pas anodin (l'escalier dans le laboratoire du rabbin). Mais le film apparaît plus réaliste, avec ses nombreux décors naturels. Paul Wegener ne considère d'ailleurs pas son film comme faisant partie de ce mouvement. La mise en scène est de très bonne tenue, le rythme du film est soutenu et ne laisse guère de place à l'ennui, la photographie est quant à elle très belle, il faut dire qu'elle est due à Karl Freund, futur réalisateur de La Momie en 1932.

Les péripéties du rabbin Löw et de sa créature d'argile sont attractives et participent à l'entrain ressenti durant la vision du film. Le casting est bien en place et Paul Wegener est excellent dans le rôle du golem, même si on notera quelques ratés au niveau de sa gestuelle et de sa démarche, qui devraient être assez statiques pour une telle créature monolithique mais qui s'emballent parfois. Un simple détail qui ne vient en rien gâcher le plaisir éprouvé.

Autre aspect important du Golem, et moins enthousiasmant en regard de l'Histoire, son aspect visionnaire concernant le peuple juif. Dès le début du film, les Juifs sont pris à partie par les Chrétiens, représentés par l'Empereur qui rédige un décret les obligeant à quitter leur quartier et à ne plus avoir accès à la ville de Prague. Nous sommes en 1920 et la montée de l'antisémitisme en Allemagne commence à prendre de plus en plus d'importance, jusqu'à la tragédie qu'on connaît. Difficile de ne pas y penser lorsqu'on visionne Le Golem.  

Baigné par des images qui confinent souvent au sublime, magnifiées par la version restaurée qui fait retrouver au film ses variations de teintes (vertes, bleus, rouges, orangées), bénéficiant d'effets visuels surprenants et de nombreuses séquences anthologiques, Le Golem est une oeuvre on ne peut plus importante et capitale dans l'évolution du cinéma fantastique, mêlant mysticisme, ésotérisme et conte humaniste. A ne pas rater ! 

Pour l'anecdote, le mythe du golem s'est vu adapté, entre autre, dans un épisode "halloween" des Simpson et dans l'épisode "La prière des Morts" de la saison 4 d'X-Files. Julien Duvivier en livrera une adaptation en 1936. 

LA SCÈNE MARQUANTE :
Pour connaître le "mot" magique qui lui permettra de faire vivre le golem, le rabbin Löw se livre à une séance d'occultisme et invoque la divinité Astaroth qui lui révélera ce fameux "mot de vie". Une scène grandiose, forte en émotion et particulièrement terrifiante, dans laquelle le visage d'Astaroth est réellement impressionnant. Sublime.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 5/6
- VIOLENCE : 1/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 5/6


QUELQUES PHOTOS

 


 


LE FILM

Le DVD est disponible ICI ou ICI

LE SPECTRE ROUGE

LE SPECTRE ROUGE

FICHE TECHNIQUE

Titre français : Le Spectre Rouge
Titre original : Le Spectre Rouge
Autres titres : The Red Spectre

Réalisateur : Segundo de Chomón, Ferdinand Zecca
Année : 1907
Pays : France
Musique : /
Genre : Fantastique
Interdiction : /

Casting
?

Compagnie de production : Pathé frères

Première diffusion : 1907 (France)

Durée : 9 minutes


L'HISTOIRE
Dans une grotte baigné par des flammes, un spectre squelettique vêtu d'une cape sort d'un cercueil et va faire une démonstration de ses pouvoirs magiques. Il fait apparaître une farandole de femmes puis les transforme en petites flammes volantes. De nulle part, il fait également apparaître deux autels et à nouveau deux femmes. Il réunit les autels, pose un grand drap dessus et fait s'allonger une des deux femmes. Il l'enveloppe avec le drap et y met le feu. Il fera deux mêmes avec l'autre femme. C'est alors qu'apparaît un esprit de lumière sous l'apparence d'une femme. Cette dernière va venir contrarier les projets du spectre rouge. Celui-ci fait apparaître trois bouteilles vides et y verse de l'eau, révélant le contenu des bouteilles, à savoir trois femmes miniatures. Mais son expérience est arrêtée par le bon esprit. Le spectre rouge poursuit tout de même ses expériences en nous présentant un tableau composé de trois parties pivotantes. Il y fait encore apparaître une jeune femme en fonction de la position des trois parties. Mais le bon esprit vient encore perturber son tour. La guerre est déclarée...

LA FIN DU FILM :
Le spectre rouge se fait adoucir par le bon esprit qui parvient à avoir le dessus et transforme le spectre en véritable squelette, mettant définitivement fin à ses exactions machiavéliques. 

MON AVIS :
Quelle découverte ! Le Spectre Rouge est un petit film de neuf minutes réalisé par Segundo de Chomón. Ce réalisateur espagnol d'origine est venu tourner la plupart de ses films en France après que Pathé lui en fait la demande. Il est, à l'image de Georges Méliès, l'un des pionniers dans le domaine des effets-spéciaux et du cinéma à trucages, dont l'animation et la prise de vue image par image. Il devient d'ailleurs le principal concurrent de Méliès.

Tout comme Méliès, notre génie français, Segundo de Chomón réalisera de nombreux courts-métrages fantastiques, utilisant les techniques d'effets-spéciaux qu'il connait lui aussi sur le bout des doigts : surimpression, incrustation, animation image par image, confection de décors mécaniques et autres joyeusetés lui permettant de créer des univers féeriques, enchanteurs et magiques.

Avec Le Spectre Rouge, réalisé en 1907, il met en scène une sorte de diablotin magicien qui va réaliser plusieurs tours à l'écran. Les effets-spéciaux sont assez renversants pour l'époque, avec des apparitions / disparitions à foison, des femmes minuscules tenant dans des bouteilles (et ce, 28 ans avant La Fiancée de Frankenstein !) et j'en passe. On a l'impression de voir des tours de magie étonnants que n'auraient pas renié les magiciens d'aujourd'hui.

Le costume du spectre est excellent, on s'imagine voir un squelette déambulant dans son repaire maléfique et paré d'une cape majestueuse.

Plus étonnant encore, certains des tours de ce spectre magicien nous sont proposés en gros plan ! En effet, le spectre n'hésite pas à se rapprocher au plus près de la caméra pour bien nous faire voir son matériel. Original !

Si vous êtes fan des films et de l'univers de Méliès, nul doute que vous serez comblés par Le Spectre Rouge, film à trucage éminemment sympathique qui utilise le thème du combat entre le Bien et le Mal pour nous ravir les yeux de ses effets-spéciaux bien en place et inventifs. Je ne connaissais pas ce Segundo de Chomón mais Le Spectre Rouge m'a donné envie d'en savoir plus sur lui. J'espère que ce sera aussi votre cas.

LA SCÈNE MARQUANTE :
Un excellent trucage lors de la scène dans laquelle le spectre rouge utilise un étrange objet qui ressemble à s'y méprendre à un téléviseur, appareil qui ne sera inventé que quelques années plus tard. 

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 1/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 3/6


QUELQUES PHOTOS

 


LE FILM

L'OISEAU BLEU (1918)

L'OISEAU BLEU

FICHE TECHNIQUE

Titre français : L'Oiseau Bleu
Titre original : The Blue Bird
Autres titres : /

Réalisateur : Maurice Tourneur
Année : 1918
Pays : Etats-Unis
Musique : /
Genre : Fantastique
Interdiction : /

Casting
 Tula Belle (Mytyl)
 Robin Macdougall (Tyltyl)
Lillian Cook (La Fée Berylune)
Tom Corless (Le chat)
Charles Ascot (Le chien)
Edward Elkas (La vieille voisine)

Compagnie de production : Paramount Pictures (Famous Players-Lasky Corporation)

Première diffusion : 31 mars 1918 (USA)

Durée : 80 minutes


L'HISTOIRE
Tyltyl and Mytyl sont deux enfants pauvres, qui sont admiratifs face à la belle demeure des enfants riches. Leur voisine, une vieille femme, à sa petite fille très malade et cette dernière aimerait beaucoup avoir la colombe de Mytyl pour retrouver le bonheur et aller mieux. Malheureusement, Mytyl refuse de donner sa colombe. Durant la nuit, les deux enfants sont réveillés par la lumière provenant de la maison des enfants riches dans laquelle il y a une grande fête. C’est alors qu’apparaît la fée Berylune, qui confie aux enfants une mission : trouver l’oiseau du bonheur, l’oiseau bleu ! Elle donne à Tyltyl un bonnet sur lequel se trouve un diamant. Si le garçon fait tourner le diamant, il verra l’âme de toutes choses, personnes comme objets, comme le sucre, le pain, le feu, l’eau, le chat, le chien ou le lait par exemple. Tout ce petit monde est emmené par la fée dans son royaume. Elle indique alors à Mytyl et Tyltyl la direction du Palais de la Nuit comme premier lieu à explorer pour trouver l’oiseau du bonheur. Leur recherche les mènera ensuite dans un cimetière puis au palais du bonheur, du luxe et de la joie…

LA FIN DU FILM :
Lorsque Mytyl et Tyltyl se réveillent, ils n'ont pas l'oiseau bleu avec eux. La vieille voisine s'invite autour du feu. Les enfants sont tristes de ne pouvoir lui offrir l'oiseau bleu pour guérir sa fille malade. C'est alors qu'ils découvrent que leur colombe est devenue bleu. Ils décident de la donner à leur vieille voisine pour rendre heureuse sa petite fille. Cette dernière vient alors les remercier, toute heureuse de s'être fait deux nouveaux amis. La colombe bleu s'échappe. Tyltyl s'adresse alors aux spectateurs en leur disant de chercher leur oiseau bleu chez eux, dans leur maison, là où se trouve certainement le bonheur...

MON AVIS :
A l'origine, L'Oiseau Bleu est une pièce en six actes de Maurice Maetterlinck datant de 1908, qui connue diverses adaptations théâtrales et cinématographiques, la plus célèbre étant le film de Walter Lang réalisé en 1940 avec Shirley Temple dans le rôle de Mytyl, côtoyant de près celui de George Cukor réalisé en 1976 avec Ava Gardner, Jane Fonda, Patsy Kensit et Elizabeth Taylor entre autre mais considéré comme un nanar et un désatsre financier. 

En 1918, Maurice Tourneur nous offrait déjà une superbe adaptation de ce conte féerique et symbolique. Film muet bien évidemment, L'Oiseau Bleu version Tourneur dénote des précédents films muets évoqués sur ce blog de par le (quasi) naturel de ses acteurs. En effet, on est bien loin de la gestuelle très prononcée, très théâtralisée vue précédemment. Ici, les mouvements sont plus fluides, moins marqués, ce qui en fait un film plus abordable pour ceux qui n'ont pas l'habitude de visionner des films de cette période. 

Les deux enfants interprétant Mytyl et Tyltyl sont très bons et nous proposent diverses émotions qu'ils arrivent bien à retranscrire à l'écran. La mise en scène de Maurice Tourneur est inspirée et le réalisateur utilise plusieurs procédés permettant à son film d'être réellement enchanteur : décors et personnages en ombres chinoises (la fête chez les enfants riches) ou âmes des objets représentées à l'écran par des acteurs costumés de bien belle façon et qui nous évoquent le futur Magicien d'Oz de 1939.

Certaines séquences sont très belles et émouvantes, à l'image de celle dans laquelle Mytyl et Tyltyl, se promenant dans un cimetière, repensent à leurs grand-parents décédés. Ces derniers, heureux de voir que leurs petits-enfants ne les ont pas oubliés, leur apparaissent alors et les invitent chez eux, leur faisant également rencontrer tous leurs frères et soeurs décédés eux aussi. C'est beau, simple et efficace.

On appréciera également la scène dans laquelle Mytyl et Tyltyl rencontrent des enfants qui ne sont pas encore nés, dont leur futur petit frère ! Encore plus émouvant l'image de ces deux petits enfants déjà amoureux alors qu'ils ne sont pas encore nés et qui se promettent de se retrouver, l'un d'eux étant entraîné par "le temps" car son heure est venue afin de faire partie du monde des vivants. Comme on le voit, la féerie est bel et bien au rendez-vous de cette oeuvre somptueuse la plupart du temps. D'ailleurs, la fée Berylune, interprétée par Lillian Cook, est absolument ravissante et son costume très réussi, donnant à ce personnage toute sa dimension symbolique.

Mais attention, ce monde féerique est aussi dangereux. Le personnage du chat par exemple tentera de mettre des batons dans les roues des deux enfants, qui pourront toutefois compter sur leur fidèle ami le chien. L'exploration du palais de la nuit ne sera pas non plus de tout repos, une armée de fantôme venant effrayer le pauvre Tyltyl dans sa quête de l'oiseau bleu.

L'Oiseau Bleu est également une oeuvre métaphorique et porteuse d'un message universel : le bonheur n'est souvent pas très loin de chez soi et il ne sert à rien d'aller le chercher à l'autre bout du monde pour le trouver, tout comme il n'est pas dans les choses superficielles comme le luxe ou l'abondance mais simplement dans la gentilesse, l'amour, la famille. Des valeurs essentielles que vont découvrir nos deux petits héros à travers la quête donnée par la gentille fée, une quête initiatique ayant pour seul but de leur faire comprendre que le bonheur n'est pas seulement l'apanage des riches et qu'on peut le trouver dans la chaleur de son foyer.

Bref, avec sa fée, ses paysages enchanteurs, ses animaux et objets vivants, sa quête du bonheur, sa jolie thématique, ses bons sentiments, son ambiance à la Charles Dickens également, notamment lors de l'introduction nous présentant les deux héros et leur famille, L'Oiseau Bleu est un pur film familial, un conte de fée aux belles images et pourvu d'une réelle inventivité au niveau des effets-spéciaux. Le film tire peut être un peu en longueur vers la fin avec cette enchaînement de séquences dans le palais du luxe mais hormis cela, c'est un divertissement hautement recommandable pour qui aime les belles histoires qui baignent dans la féerie et la poésie.

A noter que la copie disponible est d'assez bonne qualité hormis un ou deux passages durant lesquels la pellicule est fortement abimée. 

LA SCÈNE MARQUANTE :
Les parents de Mytyl et Tyltyl, réveillés par du bruit en provenance de la chambre de leurs enfants, se lèvent pour vérifier s'ils dorment bien. C'est effectivement le cas alors que les images précédentes nous les montraient en compagnie de la fée et des âmes des objets et animaux. Le spectateur comprend alors que tout se passe dans les rêves des enfants, la culpabilité de ne pas avoir voulu donner leur colombe ayant eu pour effet de leur faire inventer cette quête de l'oiseau bleu.

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 4/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 4/6


QUELQUES PHOTOS :

 

 


LE FILM

Disponible en DVD chez KINO VIDEO ou chez BACH FILMS

THE GHOST OF SLUMBER MOUNTAIN

THE GHOST OF SLUMBER MOUNTAIN


FICHE TECHNIQUE

Titre français : The Ghost of Slumber Mountain
Titre original : The Ghost of Slumber Mountain
Autres titres : /

Réalisateur : Willis H. O'Brien 
Année : 1918
Pays : Etats-Unis
Musique : /
Genre : Fantastique
Interdiction : /

Casting
Herbert M. Dawley (L'oncle Jack Holmes)
Willis H. O'Brien (Le fantôme de Mad Dick)
Chauncey et Alan Day (Les deux neveux)


Compagnie de production : Herbert M. Dawley Production

Première diffusion : 17 novembre 1918 (USA)

Durée : 18 minutes


L'HISTOIRE
Deux jeunes garçons demandent à leur oncle Jack de leur raconter une histoire qu'il a vécu. Aventurier dans l'âme, leur oncle a consigné ses différents voyages et péripéties dans un journal. Il choisit de leur raconter l'histoire du "fantôme de Slumber Moutain". Jack, avec son ami Joe et son chien, a fait une excursion dans une magnifique montagne. Il laisse Joe au campement et en profite pour s'aventurer seul dans les hauteurs, à la recherche de la cabane de Mad Dick, un vieil ermite. Il découvre l'endroit qui semble totalement désert. Dans la cabane, il ouvre un coffre qui contient un curieux objet ressemblant à des jumelles. Le fantôme de Mad Dick lui apparaît alors et lui indique la marche à suivre pour se servir de l'objet. Jack se rend sur le sommet le plus élevé de Slumber Mountain et regarde dans les jumelles. Il découvre alors un monde peuplé de dinosaures à travers l'objectif...

LA FIN DU FILM :
Attaqué par un tyrannosaure, Jack lui tire dessus avec son pistolet, sans succès. Il se réveille alors en sursaut près du campement : ce n'était qu'un cauchemar, qui provoque l'hilarité de son ami Joe...

MON AVIS :
Réalisateur et acteur de Ghost of Slumber Mountain, le nom de Willis H. O'Brien ne devrait pas vous être inconnus si vous êtes un fervent amateur de cinéma fantastique. Cet illustre personnage est en effet l'un des pionniers dans l'animation dite de "stop-motion", l'ancêtre de Ray Harryhausen en quelque sorte. Son titre de gloire dans le domaine de la stop-motion restant, excusez du peu, le King Kong de 1933, sur lequel il anime le roi Kong mais aussi les divers dinosaures peuplant ce chef-d'oeuvre. Il avait déjà œuvré parmi les dinosaures dans Le Monde Perdu en 1925. 

Passionné par ces créatures antédiluviennes et par les effets-spéciaux, il se consacre entièrement à l'animation image par image de ces monstres géants et réalise dès 1915 son premier film, The Dinosaur and the Missing Link: A Prehistoric Tragedy

En 1918, il met donc en scène The Ghost of Slumber Mountain dans lequel il fait aussi l'acteur. Malheureusement, les relations de travail entre Willis H. O'Brien et le producteur Herbert M. Dawley, lui-même spécialiste en animation en stop-motion, sont tendues. Sous la pression d'un gérant de cinéma qui trouve le film trop long, Dawley charcute le film, taillant dans les 40 minutes pour n'en garder que 18 environ. 

En l'état actuel, le film se suit sans soucis même si on ne saura pas grand chose sur le fantôme de Mad Dick, ni d'où provient le curieux appareil permettant de voir les dinosaures. Est-ce un appareil permettant de voir dans le passé ? Il semblerait bien que oui, ce qui ajoute à la dimension fantastique de l'oeuvre, connu en effet pour être la première à traiter du phénomène du voyage dans le temps, puisque la cabane de Mad Dick contient des os de dinosaures, nous donnant à penser que ce vieil ermite, grâce à son appareil, a voyagé à l'époque préhistorique pour en rapporter ses ossements.

The Ghost of Slumber Mountain nous permet donc de voir durant quelques minutes un brontosaure au bord d'un lac, un oiseau géant, un combat entre deux tricératops puis un affrontement entre un tricératops et le terrifiant tyrannosaure ! Les animations sont des plus correctes et nous laissent apprécier le talent de Willis H. O'Brien, qui ne cessera de progresser dans les années à venir. On est encore loin du niveau des animations de King Kong mais c'est un bon début et ce n'est pas du tout ridicule.

Bref, pour les amateurs de films de dinosaures, et ils sont nombreux, ou pour tout ceux qui veulent voir l'ancêtre de Jurassic Park, n'hésitez pas à vous rendre dans les paysages de Slumber Mountain ! Avec son montage charcuté, The Ghost of Slumber Mountain n'a rien d'un grand film mais c'est un petit divertissement sympathique qui laisse augurer du meilleur pour la suite.

LA SCÈNE MARQUANTE :
L'apparition à travers les arbres du tyrannosaure, qui se lance à l'attaque d'un tricératops

CARACTÉRISTIQUES
- SCÉNARIO : 2/6
- VIOLENCE : 0/6
- GORE : 0/6
- NUDITÉ : 0/6
- APPRÉCIATION GLOBALE : 2/6


QUELQUES PHOTOS :

 


LE FILM :